BANGUI - A la tribune du conseil des Droits de l’Homme, le président Faustin Archange Touadéra a exprimé la détermination de son gouvernement à ramener l’Etat un peu partout sur le territoire pour rassurer les populations, explique-t-il. Plusieurs nominations ont déjà été faites et le processus de redéploiement ne saurait tarder.
Le redéploiement de l’Etat est l’une des priorités que le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra avait identifiée lorsqu’il prenait les commandes de l’appareil étatique. Dans son discours d’investiture le 30 mars 2016, le nouveau président de la République avait promis tout mettre en œuvre pour rapprocher l’Etat des citoyens.
Les préfets et les sous-préfets censés représenter à haut niveau l’autorité de l’Etat dans les provinces, viennent d’être nommés par décrets présidentiels. En effet, Faustin Archange Touadéra a procédé à la nomination des 16 préfets pour les 16 préfectures du pays.
Par décret n°17.328, le président de la République a procédé à la nomination des 71 sous-préfets et des deux responsables des postes de contrôles administratifs que compte la République Centrafricaine.
Une remise à niveau
Les préfets et les sous-préfets nouvellement nommés sont soumis à une formation de remise à niveau, selon le département de l’administration du territoire, « nous avons souhaité réunir les personnalités nommées aux postes de préfets et de sous-préfets pour leur donner des éléments d’approche sur la gestion des préfectures et des sous-préfectures. L’objectif est de les mettre sur le même point d’égalité avant qu’elles ne puissent entrer en fonction. Nous avons parlé de la gouvernance, de la gestion des collectivités et des relations avec les autres services de l’Etat », explique le Directeur Général des collectivités au ministère de l’administration du territoire, Justin Bandio.
Pour le moment, il est difficile de connaitre la date du début de redéploiement des nouvelles autorités nommées par le chef de l’Etat. Ces préfets et sous-préfets sont les premiers nommés après le processus électoral qui s’est soldé par le retour à l’ordre constitutionnel de la République Centrafricaine. Les défis qui attendent ces nouvelles autorités dans les provinces sont énormes étant donné que plus de la moitié du pays est encore contrôlée par des groupes armés qui, malgré leur participation au processus DDRR, continuent d’alimenter les violences qui occasionnent de nombreux déplacements. Aussi, ces préfets et sous-préfets, pour l’essentiel, atterriront dans des localités où les fondamentaux du fonctionnement des services de l’Etat, sont détruits. Le Directeur Général des collectivités territoriales évoque des cas de zones où les bâtiments administratifs sont hors d’usage et les archives détruites. Dans ces conditions, le redéploiement de l’Autorité de l’Etat reste un défi majeur pour le pouvoir de Bangui qui fait de cela, à juste titre d’ailleurs, son cheval de bataille.
Incertitude sur le déploiement rapide
Selon des sources dignes de foi, l’Etat manque des moyens nécessaires pour procéder au redéploiement rapide des sous-préfets nommés. « Il y a un problème de moyens pour déployer tout le monde dans un bref délai mais nous sommes en discussion avec les partenaires pour que tout le monde puisse rejoindre son poste », explique le Directeur Général de la décentralisation.
Le gouvernement centrafricain compte sur la Minusca et le PNUD pour que les nouvelles autorités puissent être déployées. « Nous devons faire toute l’opération avec nos partenaires qui souhaitent que les sous-préfets puissent être sur le terrain afin de rassurer les uns et les autres », confie la même source. La Minusca s’est dite prête à accompagner le processus de redéploiement des autorités afin de permettre le rapprochement de l’Etat auprès des administrés. Mais ce redéploiement de l’Autorité de l’Etat ne peut se limiter aux sous-préfets et préfets. Il faut bien que les forces publiques suivent afin de permettre à ces autorités de travailler convenablement. Il est vrai que ces derniers mois, le gouvernement a redéployé quelques gendarmes et policiers dans l’arrière-pays mais ces derniers restent limités tant en nombre qu’en moyen d’opération ce qui pose un réel problème d’efficacité de l’autorité de l’Etat qui est en train d’être redéployée.