BANGUI - Le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) en fin de séjour en République Centrafricaine, Samir Jahjah, a exprimé un satisfecit relatif aux performances économiques centrafricaines malgré la détérioration de l'environnement sécuritaire dans certaines parties du pays.
La croissance de la Centrafrique se situerait autour de 4% pour l'année 2017 et est spécialement soutenue par les secteurs forestier et minier. L'inflation, d'après les prévisions, avoisinerait 3,8%, selon M. Jahjah.
Par contre, il a déploré le bilan quasiment nul dans le secteur agricole, appelant à des réformes et au redéploiement de l'Etat dans l'ensemble de pays. Ces actions seraient, d'après lui, "des axes essentiels pour la reprise économique".
Au regard des performances économiques du pays, le FMI et le gouvernement centrafricain ont convenu d'un financement additionnel pour éponger les dettes intérieures de l'Etat, à compter de janvier 2018. Ces dettes ont été accumulées sous les différents régimes qui se sont succédés et avoisineraient les 12% du Produit intérieur brut (PIB), soit environ 70 milliards de francs CFA. Elles comprennent la dette commerciale, la dette bancaire et la dette sociale qui serait le gros morceau.
M. Jahjah a préconisé la prudence quant aux conséquences de cet apurement. "Il faut garantir la stabilisation des prix car l'action d'injecter d'un seul trait 70 milliards de francs CFA dans le circuit économique peut engendrer l'hyperinflation", a-t-il prévenu. Ce qui sous-entend que le ministère des Finances et du Budget centrafricain est appelé à établir un chronogramme d'apurement de cette dette.
Il faut faire remarquer qu'avec la crise, seules les préfectures centrafricaines de la Lobaye, de la Mambéré Kadéï et de la Sangha Mbaéré, toutes situées dans le sud-ouest du pays, sont sous le contrôle du pouvoir central. Les treize autres sont sous la domination des groupes armés.
A New York en septembre lors de la 72ème Assemblée générale des Nations Unies, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra reconnaissait que "les groupes armés ont gardé leur capacité et se battent autour des zones minières, des couloirs de transhumance et également des barrières illégales".
Dans les préfectures du sud-ouest, où il n'existe aucune action des groupes armés, fleurissent surtout l'exploitation forestière et l'exploitation minières. Il faut ajouter à ces préfectures le corridor menant de Bangui vers le port de Douala au Cameroun, où l'Etat centrafricain tire l'essentiel de son économie.
Avec la crise sécuritaire, le gouvernement ne peut pas dérouler un quelconque plan de développement agricole. De facto, les productions agricoles sont spontanées, dépendant littéralement des désirs des agriculteurs, qui pratiquent l'agriculture de subsistance.
En raison, toujours de la crise, un grand nombre d'agriculteurs a élu domicile dans les sites des déplacés internes, se contentant de la générosité des humanitaires. Se rendre au champ pour cultiver ou faire des récoltes est un risque, à cause des exactions des groupes armés.