Il y’a quelques mois, deux jeunes centrafricains travaillant pour le syndicat des transporteurs routiers ont été arrêtés et détenus durant près d’un mois dans les locaux de l’Office centrafricain pour la répression du banditisme (OCRB) à Bangui pour détournement en bande organisée. Selon l’accusation, les deux suspects auraient détourné près de 500 millions de francs CFA appartenant d’une part au Bureau d’Affrètement Routier Centrafricain (BARC) et au trésor public d’autre part. Déférés devant le tribunal correctionnel de Bangui, les deux suspects ont été libérés par le Procureur de la République sans aucune explication valable qui pourrait éclaircir et les plaignants et les accusés, encore moins le peuple Centrafricain. Dans un souci de répondre à ce vide, l’une de nos équipes s’est penchée sur ce dossier. Enquête du CNC.
Peu après le déclenchement de la guerre civile entraînant les attaques à répétition des groupes armés contre les transporteurs dans le pays, les syndicats des transporteurs camerounais ont initié et instauré avec les forces onusiennes de la MINUSCA un système des convois sécurisés. Mais les mannes issues de ce système ne profitent qu’à un groupuscule des Centrafricains. Payer pour être sécurisé, mais où va l’argent ?
Payer pour être sécurisé ?
Selon le nouveau dispositif mis en place par le syndicat des transporteurs camerounais de concert avec le gouvernement de transition et la MINUSCA, chaque camion qui souhaite être dans un convoi escorté par une patrouille militaire de la Minusca doit verser un montant forfaitaire obligatoire à leur syndicat. Selon le montant fixé, pour un camion qui veut être dans le escortes entre Bangui - Garaou Boulai ou Garoua Boulai – Bangui, une somme de 50 000 francs CFA est obligatoire, et ce, sans aucune discussion quelconque. Depuis l’instauration de ce système, les choses allaient bien, dans l’apparence pour les usagers et les camionneurs, mais très compliquée pour les syndicats camerounais et le gouvernement centrafricain comme en témoigne la plainte du premier dont CNC a pu avoir une copie.
Versement et détournement.
D’après la comptabilité réalisée par les syndicats des transporteurs camerounais, un convoi peut faire jusqu’à 8 millions de franc CFA de recette minimale. Sachant qu’il y’a 2 convois hebdomadaires (mardi et samedi), les recettes hebdomadaires représentent un véritable magot pour les syndicats. Hélas ! Ce magot ne profite qu’aux sieurs NGUISSIMALE Dimanche Wilfried et SEYE ABDOULAYE respectivement président et trésorier général de l’Union Syndicale des Conducteurs de Centrafrique (USCC). Un compte est ouvert à la banque BSIC pour heberger une partie du fonds collectés, on ne sait jamais,- BSIC N° Compte : 37140007500- et deux autres au bureau et à domicile.
Et les autres syndicats ?
Voyant le train de vie du président et TG de USCC grimpe, les autres syndicats centrafricains des transporteurs Groupement des Transporteurs Centrafricains – GTC, le Patronat et BARC et les syndicats camerounais ont activé en vain leurs réseaux de prendre en charge les recettes. L’argent pèse plus lourd que les hommes, les magistrats ont succombé sous ses poids de l’argent remis par le sieur NGUISSIMALE Dimanche Wilfried. Le GTC, le Patronat et BARC sont renvoyé à l’étude par les magistrats.
Grâce à l’arrivée du sieur Sani Yalo comme Président du Conseil d’Administration du BARC, cette étude a été réalisée avec succès. Vu la ficelle des pouvoirs qu’il tienne de certains barrons du régime. Sani Yalo exige à ce que cette somme prélevée hebdomadairement chez les transporteurs soit reversée au Trésor public et tout le monde semble d’accord sur le principe. Pour Sani Yalo c’est un écosystème financier, donc un terroir pour son enrichissement personnel et en douceur. Mais, ce terroir perd de valeur semaine après semaine. De l’ordre estimé à 5 millions par semaine, il ne touche que la moitié en descendance semaine par semaine.
Afin d’avoir le cœur net, Sani Yalo fait appel aux Touaderateurs sympathisants qu’il recrute comme ses propres contrôleurs et sont placés tout au long de la route, stylo et cahier à la main, pour compter comme les éleveurs qui comptent leurs troupeaux, chaque camion dans le convoi en partance et en provenance. Très vite, le sieur Sani Yalo comprend que les sommes versées ne correspondent pas au nombre des camions dans chaque convoi. Choqué, il convoque le Président du syndicat USCC et son équipe pour explications.
Même si la délégation syndicale n’a pas d’argument face à la démonstration technique du PCA Sani Yalo, elle n’a pas tardé à trouver des coupables pour présenter au PCA. Selon Sani Yalo, tout calcul fait, les sommes manquantes s’élèvent à environ 365 millions de francs CFA. Ainsi, deux jeunes centrafricains travaillant pour le syndicat ont été arrêtés par l’OCRB. Il s’agit du Secrétaire général adjoint du syndicat et un informaticien d’appui.
Arrêtés le 6 mai 2017, les deux faux suspects ont dû passer près de 21 jours dans les locaux de l’Office centrafricain pour la répression du banditisme (OCRB) au centre-ville de Bangui. Déférés devant le tribunal, les deux-suspects ont été purement et simplement libérés par le Procureur de la République qui, en ne regardant rien que les visages « sans expression » des deux suspects, empoche son code pénal et devine avec fiabilité que les vrais commanditaires sont ailleurs.
Mais qui sont ces vrais commanditaires ?
Selon notre enquête, l’ombre du président du syndicat USCC plane toujours sur cette affaire. D’après les constats faits par CNC rien que dans la composition de son bureau syndical. Une petite équipe composée des membres de sa famille qui gère toutes les transactions financières dudit syndicat. À aucun moment, les deux faux suspects sont impliqués dans la gestion financière de cette organisation. Or, ceux qui gèrent ces fonds ne sont jamais inquiétés.
De même, les fonds versés au PCA Sani Yalo ne sont jamais parvenus à la caisse de l’État. À ce jour, ces fonds s’élèvent à plus de 700 millions de FCFA gardés par le sieur Sani Yalo en sa qualité du Président du Conseil d’Administration du BARC. Il fait des achats comme bon lui semble. Même le DG du BARC récemment nommé se perd encore financièrement et politiquement.
« Le DG, c’est pas un Fatiste. Donc il n’est pas des nôtres » a fait savoir un compteur des camions recruté par Sani Yalo.
Si dans le langage ferroviaire, un train peut en cacher un autre, dans d’autres langages, un détournement peut en cacher un autre ou un coup d’État peut en cacher un autre.
Selon plusieurs sources, c’est grâce, en partie, à ces fonds que monsieur Sani Yalo finance les activités des Touadérateurs et Fatistes et mène un train de vie de sénateur dans l’unique hôtel 5 étoiles de la place.
Pour les faux suspects libérés rencontrés dans le cadre dudit reportage, la justice doit continuer ses enquêtes pour faire éclater la vérité en public afin qu’ils puissent être dédommagés pour les 18 jours de souffrance endurés dans la prison de l’OCRB.
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