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Centrafrique : a quel prix négocier la paix ?
Publié le samedi 14 octobre 2017  |  Corbeau News
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LE NOUVEAU GOUVERNEMENT SARANDJI PEUT- IL RAMENER LA PAIX (SIRIRI) ET LA RÉCONCILIATION ?

Il est bien entendu qu’il faut laisser à l’équipe du gouvernement Sarandji II le temps de prendre ses repères, voire de bénéficier d’une sorte d’état de grâce avant toute évaluation.
Mais voilà ! La situation désespérée de la République Centrafricaine n’autorise aucune tergiversation ou transgression des normes sociales de la part du nouveau gouvernement. Elle exige, au contraire, le traitement rapide des urgences. Et Dieu sait qu’il n’en manque pas !
Il y a environ trois ans, maintenant, que les Centrafricains souffrent. La rupture promise par le président Touadera tarde à surgir. Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est rompre avec les errements du précédent gouvernement Sarandji et adopter une autre gouvernance, patriotique et courageuse. Pour vaincre le chaos et ramener la paix, le pouvoir doit s’exercer dans sa plénitude et avec autorité.
Or, la composition du nouveau gouvernement Sarandji en a stupéfié plus d’un. Comment admettre la nomination d’ex-Sélékas au sein même du gouvernement de la République Centrafricaine ? C’est incompréhensible. Il s’agit, incontestablement, d’une faute politique. Ceux qui pensaient qu’avec ce geste, qui ressemble à une trahison, des rebelles arrogants et vindicatifs allaient rejoindre la table des négociations se sont lourdement trompés. Des séditieux siégeant au sein du gouvernement de la République ne peuvent que se livrer à des manœuvres de déstabilisation de l’intérieur. Il faut être naïf pour penser que leur présence pourrait faciliter la paix.
C’est plutôt le contraire qui se produit : aggravation de la situation, avec sa cohorte de massacres des populations, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, d’occupations des provinces par les séditieux et les mercenaires. Ces bandits de grands chemins continuent de faire main basse sur les mines de matières premières, d’incendier les villages, alimentant ainsi l’exode des habitants vers les pays voisins et d’utiliser les violences sexuelles comme armes de guerre.
Autant dire que la partition s’installe, avec la fragmentation insupportable du territoire. Bangui est devenue la capitale d’un pays fantôme, où s’est réfugié un gouvernement qui donne l’impression de rester impuissant face aux périls. Quant aux provinces, les rebelles y appliquent leurs lois implacables, défiant ainsi le gouvernement légitime.

IL EXISTE POURTANT UNE FENÊTRE QUI LAISSE ENTREVOIR UN ESPOIR
En partant de l’axiome que tout conflit a inéluctablement une fin, on peut envisager que le pays des Bantous finira par trouver les chemins de la paix (SIRIRI) et de la réconciliation.
Cela suppose, d’abord, une politique courageuse, une gouvernance sans faille et une rupture avec un passé calamiteux, mais aussi et surtout, une association sans cesse renouvelée de la population au processus du DDRR. Car rien ne se fera sans elle.
Or, depuis le gouvernement Sarandji, le peuple semble être mis de côté, ce qui accroît exponentiellement son sentiment d’abandon. Après le Forum de Bangui, qui suscita tant d’espoir, on claironnait partout que la population avait été bien entendue et que ses doléances allaient être prises en compte. Depuis, mis à part les élections, elle n’a rien obtenu. Ses souhaits ont été oubliés par les dirigeants et ses souffrances se sont aggravées.
Tous les Centrafricains attendent la réhabilitation des forces centrafricaines, la levée de l’injuste embargo sur les armes et la fin de ce qui ressemble de plus en plus à des manipulations et des pressions insupportables de la part des puissances étrangères.
Mais, surtout – on n’insistera jamais assez sur ce point- maintenir le peuple à l’écart ou plus grave encore l’ignorer, c’est retarder les échéances de la paix et de la réconciliation. Car c’est le peuple qui a porté Touadera au pouvoir en votant massivement pour lui. C’est lui qui a les clés des échéances politiques – et non des politiciens frustrés qui n’acceptent pas le jugement des urnes. C’est de lui que peut venir l’espoir.


LES REBELLES PORTES DU POUVOIR
Si on ne donne pas au peuple la place qui lui revient, alors, on pourra parler d’un gouvernement au crépuscule de son existence.
Car la nomination de rebelles bourreaux de Centrafricains au gouvernement, c’est un formidable coup de massue, une capitulation, un naufrage. Des initiateurs de la sanglante rébellion ne sont plus aux portes mais à l’intérieur même du pouvoir ! Les Centrafricains devraient immédiatement descendre dans les rues de Bangui pour vociférer leur colère et leur indignation devant cet état de fait insupportable.
Quelle sera la prochaine étape ? Touadera ne risque-t-il pas le même sort que celui qui a été infligé au président Bozizé ? Les palabres occultes, les formidables pressions des puissances qui interviennent en Centrafrique ont eu raison de la résistance d’un président et de son gouvernement.
Les rebelles criminels ont sûrement et d’une manière indécente négocié leur impunité, alors qu’il faut leur signifier que ceux d’entre eux qui sont convaincus de violation des droits de l’homme, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devront répondre de leurs forfaits criminels devant la Cour Spéciale de Bangui. Sinon, d’autres chefs rebelles risquent de se livrer à des surenchères inadmissibles et de s’arcbouter sur des positions inacceptables.
Du côté de l’ONU et de la France, principal ordonnateur en Centrafrique, c’est l’omerta. Un silence qui vaut acquiescement. Devant un conflit inextricable et les menaces qui planent sur leurs soldats, ces puissances n’ont visiblement qu’un souhait : s’extirper au plus vite du marigot centrafricain et de ses pièges redoutables.
Et ce, à n’importe quel prix.
Comme obliger les Centrafricains à côtoyer chaque jour leurs bourreaux dans les rues de Bangui.

JOSEPH AKOUISSONNE
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