Dans le nouveau rapport statistique de l’UNICEF Achieving a future without child, la Centrafrique est classée parmi les 10 pays d’Afrique Centrale et Occidentale dont le taux de mariage d’enfants est élevé. Les Ministres de ces deux sous-régions africaines et des responsables d’organisations internationales sont depuis le 23 octobre à Dakar pour réfléchir sur les stratégies de lutter contre ce phénomène.
La République Centrafricaine (RCA) est classée parmi les cinq (05) pays d’Afrique Centrale et Occidentale dont le taux de mariage d’enfants est élevé.
Selon le rapport statistique de l’UNICEF, la Centrafrique est deuxième au classement dans cette zone avec 68 % de mariées avant la majorité derrière le Niger (76%). Le Tchad (67%), le Mali 55% et le Burkina Faso (52%) sont dans le Top Cinq. Cette étude a révélé qu’« en Afrique Occidentale et Centrale, quatre femmes sur 10 âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant 18 ans. Parmi celles-ci, un tiers l’ont été avant 15 ans ».
Pour combattre cette hausse de prévalence de mariage de mineures qui constitue une atteinte aux droits de l’Homme et une entrave au développement, les acteurs intervenant sur la question ont décidé de multiplier leurs efforts pour juguler le phénomène.
Lors de cette rencontre, Mme Fatoumata Ndiaye, Directrice Générale adjointe de l’UNICEF a interpellé les pays et leurs partenaires à plus d’effort : « nous devons nous secouer » avant de rappeler que « nous ne pouvons continuer à voir tant de nos filles privées de santé, d’éducation, de leur enfance même. Notre rapport montre qu’au rythme actuel, il faudra plus de 100 ans pour éliminer le mariage des enfants dans la région – comment pouvons-nous accepter cela ? »
A cette problématique de mariage précoce, le premier ministre sénégalais, Mahammed Boun Abdallah Dionne a encouragé les Etats à plus de pragmatisme dans l’application des textes juridiques sur cette pratique. «Le problème qui demeure, c’est comment passer de ce cadre juridique à l’action sur le terrain», a-t-il souligné. Pour lui, «ce dont nous avons besoin, c’est de nous engager dans la recherche de solutions», a ajouté le premier ministre.
Sur ce même ton, l’ancienne Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt, actuellement N°1 de l’ONG Save the Children, a indiqué que le combat contre le mariage de mineures a pris du retard. «Les actions ont été trop lentes. Il faut accélérer la cadence si nous voulons atteindre nos résultats à l’horizon 2030». Elle a averti que «les conséquences (du mariage précoce) peuvent être dévastatrices» car il «raccourcit la vie des filles», qui «quittent l’école et ne peuvent exploiter leurs pleines potentialités».
Pays confronté par un conflit depuis 2013, l’instabilité sécuritaire et la pauvreté en Centrafrique font le lit aux mariages précoces et à la faible scolarisation. Les enfants sont très touchés par les conséquences de cette guerre. Des soldats français de Sangaris ont été accusés d’abus sexuels sur mineurs et ne semblent pas être inquiétés par la justice. Les lampions seront éteints sur cette rencontre demain, 25 octobre.