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Au camp Kassaï, les FACA se forment à bon rythme
Publié le jeudi 2 novembre 2017  |  Centrafrique Presse info
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© Autre presse par DR
Séquence de simulation en fin de formation des militaires centrafricains en Guinée Equatoriale
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Franchissement d’obstacle, combat au corps à corps, tir, montage et démontage de son arme, orientation topographique, secourisme… ce sont quelques uns des entraînements que les Forces armées centrafricaines (FACA) reçoivent de la mission européenne de formation EUTM RCA. Cette formation, ils devront démontrer qu’ils l’ont acquise ce vendredi 3 novembre, lors d’un premier test (1). En visite à Bangui, B2 a pu assister aux derniers entrainements et préparatifs.

Première étape : le bac à sable

Dès 8h du matin, les premiers instructeurs européens arrivent au camp Kassaï. Malgré la pluie, le point de rendez-vous avec les officiers FACA est le “bac à sable“. C’est ici, de manière très graphique, que les Européens expliquent l’exercice dans sa globalité au capitaine qui dirige le Bataillon 3. Passé par l’école de Saint-Cyr (2012-2015), le capitaine Ulrich Yamande comprend vite la nature des épreuves par lesquelles ses hommes vont être testés. C’est maintenant à lui de prendre en main la suite, en donnant des instructions à ceux qui dirigeront les pelotons (10-12 hommes). Afin de les motiver, les groupes sont placés dans une situation de compétition. L’unité qui fera la meilleure ponctuation sur l’ensemble des 12 épreuves sera la gagnante. Sont en jeu « l’orgueil de gagner, mais également un “petit“ prix », nous explique le colonel espagnol, Antonio R. Bernal Martín, qui commande le pilier entrainement (“Training“).

Savoir s’orienter

C’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour les soldats centrafricains. La première question du questionnaire de l’épreuve du jour l’illustre bien. « A quoi servent les courbes de niveau sur une carte? » Et pour cause, peu d’entre eux avaient manipulé une carte topographique avant d’arriver à Kassaï. Aujourd’hui, boussole en main, ils doivent donner l’azimut de trois points que l’instructeur leur a signalé. Pour la plupart, c’est réussi. Le sourire, souvent discret, qu’ils s’accordent laisse voir leur satisfaction.

… et se déplacer en groupe

Épreuve suivante : se déplacer en groupe. A la façon d’une épreuve de team-building, c’est un parcours d’obstacles que les Européens ont choisi de monter… avec une difficulté ajoutée. Le parcours doit être franchi en portant une boite de cinq kilos, contenant théoriquement des obus de mortier. L’unité que je suis choisi rapidement sa stratégie. Celui qui est le plus en forme portera la caisse. En première position est placé un des plus jeunes, armé. Il devra être le premier à franchir chacun des obstacles et assurer la sécurité de l’autre côté. Le chef d’unité, qui devrait se positionner au milieu de son équipe, choisit de fermer la file, afin d’accompagner un de ses soldats blessé au genou. Finalement, après quelques erreurs, ils terminent le parcours en 11 minutes… bien loin des 7 minutes 30 fixées comme objectif. « Pour l’épreuve de vendredi, ils seront prêts » affirme l’instructeur français en charge de l’atelier. « Les autres groupes ont tous fait mieux » me souffle, en anglais, le Suédois qui l’accompagne.

Apprendre à combattre… avec des armes et à mains nues

Pour être un vrai soldat, il faut avoir des armes. C’est donc logiquement qu’EUTM forme les FACA au tir. Pourtant, les moyens sont limités. « Ils doivent apprendre à prendre soin de leurs armes. » C’est pour cela qu’une des épreuves est le démontage et montage d’un AK-47. Pour réussir, il faut le faire en moins de cinq minutes. Peu d’armes et également peu de munitions. Pour l’exercice d’aujourd’hui, seules deux personnes par équipe ont tiré. Et chacun n’a disposé que de dix cartouches. Mais les FACA doivent également savoir affronter des attaquants utilisant des armes blanches (couteau ou coupe-coupe). Objectif : se défendre mais également neutraliser l’ennemi.

… dans le respect des droits de l’Homme

Les Européens insistent sur cela. « Neutraliser et non tuer ». C’est un des éléments clés, former une armée qui respecte le droit international, que ce soit dans leurs interactions avec les prisonniers armés ou des civils. C’est l’experte en droits de l’Homme, Cynthia Petrigh, de l’ONG Beyond Peace, qui est chargée d’expliquer les règles de la guerre.

Secourisme : ne laisser personne derrière

Évacuer un blessé tout en assurant une protection de zone, établir le meilleur endroit pour donner les premiers soins, faire un tourniquet… C’est un élément essentiel de la formation européenne. D’autant plus que cela n’a rien de naturel pour les FACA. « Pour eux, lorsque quelqu’un est blessé, on le laisse derrière… car il porte en lui un mauvais esprit. Lors des premiers exercices, la plupart refuse de toucher les personnes qui jouent les blessés » nous explique Barothi Hambursin. Cette Belge utilise sa propre expérience, notamment en Afghanistan et en Irak, pour démontrer comment quelques secondes peuvent faire la différence et sauver une vie. Apparait alors un défi plus général, celui de la gestion du temps. « Ils n’ont pas de montre », explique-t-elle.

Des FACA fiers

Les soldats, sous-officiers et officiers que j’ai pu rencontrer ont tous une chose en commun. Ils sont fiers d’appartenir aux FACA, et encore plus d’être dans un des bataillons formés par EUTM.

… malgré des conditions difficiles

Il a plu jusqu’au lever du jour, à 5h du matin. Les routes, envahies par des courants d’eau, puis de l’eau stagnante, sont difficilement praticables. Malgré cela, certains se sont levés avant l’aube pour venir jusqu’au campement. Ils ont fait entre 10 et 20 km. Souvent à pied… car leur salaire ne leur permet pas de prendre des moto-taxi. Si tous portent des uniformes militaires, aucun ne se ressemble. Aux pieds, certains ont des bottes, d’autres des baskets originalement rouges, vertes ou bleues. Et pour cause, le ministère de la défense ne leur a pas fourni d’équipement. Ce qu’ils portent, ils se le sont achetés eux-mêmes. EUTM, qui n’a pas le droit de fournir ce matériel, travaille pour trouver un donateur. Pour la cérémonie de certification du bataillon dans son ensemble, en décembre, les effectifs du BIT 1 pourraient porter des uniformes (et l’équipement) fournis … par la Chine !

(Leonor Hubaut)



A suivre…
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