L’INSONDABLE MARIGOT CENTRAFRICAIN
C’est parti pour perdurer. Le statu quo s’installe, pernicieusement. Les groupes armés sont, désormais, les vrais maîtres du pays. Ils dictent leurs lois, celles du plus fort, à la population qu’un gouvernement, démuni et désemparé, n’arrive plus à protéger.
Voilà plus de trois ans maintenant que la MINUSCA patauge dans le marigot centrafricain. Les eaux menaçantes montent à toute vitesse. Des noyades sont à craindre. L’ONU avait envoyé 12.000 Casques Bleus. Ils n’ont pu ramener ni la paix, ni la réconciliation nationale. C’est un échec cuisant. Au lieu d’être la solution au terrible chaos qui s’est abattu sur le Centrafrique, elle en est devenue le problème.
Violences sexuelles, actes de pédophilie, trafics de pierres précieuses, commerces illicites et – plus grave encore – soupçons d’accointances avec les rebelles criminels. Aujourd’hui, certaines langues se délient et parlent ouvertement de trafics d’armes entre les ex-Sélékas et certains éléments de la MINUSCA.
Des mesures drastiques de mise au pas des Casques Bleus s’imposent. Pour les Centrafricains, les limites du supportable sont largement dépassées. L’ONU doit impérativement changer de stratégie en Centrafrique : il faut qu’elle passe de la neutralité offensive à un désarmement forcé des rebelles.
900 SOLDATS SUPPLÉMENTAIRES : EST-CE LA BONNE SOLUTION ?
Ce ne sont pas les annonces tapageuses et les mises en garde – que les rebelles foulent au pied – qui feront renaître l’espoir en Centrafrique. Ce n’est pas non plus l’augmentation du nombre des Casques Bleus qui rendra efficace le combat contre les groupes armés. C’est la manière de faire. Ce sont les engagements et les tactiques à adopter à l’encontre de séditieux arrogants qui croient détenir la réalité du pouvoir en Centrafrique, en défiant constamment un gouvernement démocratiquement élu.
On a l’impression que l’ONU met sur le même pied d’égalité les rebelles armés et le gouvernement légitime de la République Centrafricaine. Le partage du pouvoir est déjà en marche. La scandaleuse nomination de chefs de l’ex-Séléka au gouvernement et à la Présidence de la République est le résultat des pressions inacceptables des puissances qui interviennent en Centrafrique et qui sont pressées de s’extirper du marigot centrafricain.
Le peuple, principale victime du chaos, subit les coups sanglants des rebelles sans être consulté, tandis que le gouvernement, barricadé dans la capitale, désarmé, manquant d’objectifs clairs et de moyens dans la lutte contre les séparatistes, ne fixe pas à la MINUSCA des contours précis pour ses missions. La réalité du pouvoir ne semble plus lui appartenir. Les violences, en veux-tu en voilà, augmentent tous les jours. Une effrayante litanie de cadavres rythme la descente aux enfers de ce pays damné.
UN BILAN ALARMANT
L’augmentation du nombre des Casques Bleus ne suffira pas pour éradiquer les rebelles armés et mettre fin aux massacres des civils. Les 12000 soldats déjà sur place suffiraient largement s’ils avaient des missions claires pour arriver à protéger les gens et sécuriser les frontières.
Aujourd’hui, le bilan de la MINUSCA en Centrafrique est dramatiquement négatif. Les violences des groupes armés ne s’estompent pas. La démocratie recule inexorablement. Les libertés sont bafouées, les groupes armés massacrent sans discernement. On ne peut pas accepter une situation aussi désespérée. Si l’on veut que la situation évolue dans le bon sens, il faut remplacer d’urgence les chefs de la MINUSCA à Bangui, qui ont failli à leur mission, et renouveler les contingents.
JOSEPH AKOUISSONNE