Après le pic de tensions qui a eu lieu ce week-end entre les quartiers du PK5, à majorité musulmane, et son rival Miskine, le retour au calme revient progressivement à Bangui. Mais la méfiance est toujours de mise entre communautés.
« Je ne peux pas aller au PK5 parce que là-bas y a des musulmans qui tuent les gens partout. »
Pont Jackson, à quelques centaines de mètres du PK5. Les chauffeurs de taxi ont peur et déposent leurs clients ici. A Bangui, on a l'impression de revenir un an en arrière, quand le quartier musulman était encore une enclave.
Pourtant, aucune barricade sur cet axe. En arrivant au marché, habituellement grouillant et coloré, beaucoup de boutiques sont fermées, signe de jour de deuil.
En représailles à la grenade qui a explosé samedi soir dans un quartier voisin lors d'un concert, trois jeunes musulmans ont été retrouvés morts dimanche matin.
Et les rancœurs d'hier ressurgissent comme l'explique Chemsoudine, commerçant au PK5. « Quand une explosion a lieu dans un bar, ce n'est pas une occasion pour aller tuer des musulmans. C'est un crime de trop. A chaque fois, nous sommes marginalisés dans notre propre pays, s’indigne-t-il. Il faudrait que le gouvernement, la Minusca et la communauté internationale prennent ça en compte. »
Pourtant, certains ont ouvert boutique, ne voulant pas créer de psychose. Même certaines chrétiennes comme Alinda, qui vit dans le quartier voisin de Boeing, sont venues vendre leurs fruits et légumes. « Les autres dans les quartiers ont peur de venir ici. Mais nous, nous avons l'habitude de venir vendre ici. Il n'y a pas de problèmes entre nous et les musulmans. Il faut que les autres reviennent. C'est notre pays à tous et il ne faut pas avoir peur », estime-t-elle.
Aujourd'hui, tout le marché du PK5 devrait rouvrir. Avec l'espoir que la confiance revienne dans les quartiers.