Le reportage de CNN qui a révélé la traite des migrants subsahariens et leur esclavage en Lybie a révolté l’opinion publique africaine et afro-caribéenne. Sur le continent et ailleurs, on assiste à une forte mobilisation pour dénoncer cette pratique honteuse. En France, la diaspora africaine et les afro-caribéens étaient devant l’Ambassade libyenne et les Champs-Elysée.
Depuis la chute de M.Khadafi, la Libye, ce pays nord africain situé à quelques encablures de l’Europe est devenu le point de passage des candidats à la migration pour le Vieux Continent. Les groupes armés qui se partagent la Libye se livrent aux trafiques très lucratifs des migrants. Mais les intérêts ont changé brusquement et un grand nombre de subsahariens est vendu aux enchères par les hommes armés et est exploité comme esclave.
Cette pratique inhumaine a été révélée le 14 novembre par CNN qui a filmé une vente aux enchères de migrants en Libye. Choqué, l’opinion publique africaine, afrocaribéenne et sa diaspora se sont mobilisées pour dénoncer cette traite et cet esclavage qui rappellent de triste souvenir.
En France, l’appel du Collectif contre l’Esclavage et les Camps de Concentration en Libye (CECCL) pour manifester le 18 novembre devant l’ambassade de Libye, à Paris a été entendu. Une foule compact était massée hier devant l’Ambassade la Libye à Paris et a pris d’assaut les Champs-Elysée pour exprimer leur mécontentement. «Libérez nos frères», «Libérons l’Afrique», «Nous sommes noirs, nous sommes humains !» scandait les manifestants qui ont été dispersé par la police. Des stars foot comme D.Drogba, Yaya Touré et S.Etoo sont aussi montés au créneau. Pareillement le reggaeman A.Blondy et Koffi Olomidé. Claudy Siar, Fondateur et copropriétaire de Tropiques FM a accusé sur twitter « la France, l’Union Européenne, l’Union Africaine, les Nations Unies de complicité de crime contre l’humanité perpétuité par leur allié libyen. Le temps de la révolte a sonné, l’époque de la passivité est terminée ».
Cette manifestation du 18 novembre est-elle la prise de conscience de l’opinion africaine pour éradiquer définitivement l’esclavage et le racisme dont sont victimes les Noirs sur leur propre continent, surtout en Mauritanie ? Cette opinion bandée à bloc a exigé aux dirigeants africains de créer les conditions de développement à la jeunesse afin que la Libye et la Méditerranée ne soient pas un mouroir et un cimetière.
Quelle réaction des Chefs d’Etat africain à cette interpellation?
Face à cette vague d’indignation, deux Présidents africains se sont prononcés. Il y a d’abord le président nigérien M.Issoufou qui a une forte colonie en Libye. Jeudi, il s’est «indigné de la vente aux enchères de migrants comme esclaves en Libye». M. Issoufou a demandé à ce que « le sujet soit mis à l’ordre du jour lors du sommet Union Africaine – Union-Européenne des 29 et 30 novembre à Abidjan ». Ibrahim Yacouba, le Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur a indiqué qu’il a convoqué l’Ambassadeur libyen pour lui « faire part de l’indignation de la Présidence Nigérienne » ajoutant que « tout doit être mis en œuvre pour faire cesser cette ignominie et en sanctionner les auteurs ».
Ensuite, le président en exercice de l’Union africaine et Chef de l’Etat guinéen, A.Condé a condamné « fermement cette pratique d’un autre âge ». Et, « l’Union Africaine invite instamment les autorités libyennes à ouvrir une enquête, situer les responsabilités et traduire devant la justice les personnes incriminées ».
En Centrafrique, sur son compte Facebook, le Ministre de l’Administration du territoire, J.S Bokassa a qualifié de « honte » cette pratique.
D’après les chiffres du département libyen de lutte contre la migration illégale, communiqués par l’ONU, 19900 personnes se trouvaient dans de tels centres de rétention début novembre 2017.