Mmadame Philomène Dounda, Préfète de la Mambéré Kadéi, dans une interview accordée à CNC en mission à Berberati s’est dite déterminée à faire de la préfecture un havre de paix et du vivre ensemble. Occasion également pour elle de relever les grands défis qui entravent le développement du monde rural, surtout les handicaps à l’épanouissement de la femme rurale pour laquelle, elle plaide pour une amélioration de conditions de travail et de vie.
Corbeaunews Centrafrique (CNC) : Mme Philomène Dounda bonjour ! Vous êtes Préfète de la Mambéré Kadéi et vous venez à peine d’être installée à votre poste. Quelles sont vos impressions par rapport à la confiance que les autorités du pays vous ont faite ?
Philomène Dounda (PD) : Bonjour Monsieur le journaliste ! Je vous remercie d’avoir effectué le déplacement de Berberatipour nous donner cette opportunité, afin de nous exprimer sur les questions qui concernent notre localité. Avant toute chose, je tiens à remercier vivement le Chef de l’Etat pour la confiance qu’il a placée en moi en me nommant Préfet de la Mambéré Kadéi.
Il faut savoir que mon installation est intervenue au même moment que la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation dans ma localité, ce qui nous a occupés dès notre arrivée. Immédiatement après, j’ai effectué une tournée dans les Sous-préfectures pour installer les Sous-préfets. En cinq jours, j’ai parcouru Dédé Mokouba, Sosso Nakombo, Carnot et Gazi. En principe, je devais poursuivre la mission sur Gamboula et Amasagaza, parce que j’aimerais bien placer tous les Sous-préfets avant la fête du 1er Décembre, afin qu’ils puissent organiser les festivités. Malheureusement, il y a quelques problèmes qui se posent dans ces deux dernières Sous-préfectures. Toutefois, nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour y aller.
CNC : A ce jour, vous avez pu installer que cinq (5) Sous-préfets sur sept (7), et en toile de fond, il y a un problème de sécurité quand bien même que la préfecture de la MambéréKadéi est parmi les quelques rares localités du pays qui sont relativement stables. Que dites-vous de la situation qui prévaut à Gamboula et Amadagaza et qui vous a empêché de dérouler normalement votre chronogramme de travail ?
PD : Je tiens à préciser que la situation de ces deux Sous-préfectures ne touche pas directement la population, c’est une affaire de vol de bétails. C’est cela qui cause les problèmes et provoque des différends entre les uns et les autres. Sinon, la localité est stable dans l’ensemble. D’ailleurs, Mambéré Kadéi a été la première localité à être déclarée « zone verte » pour l’exploitation du diamant dans notre pays. D’emblée, il y a la paix dans notre préfecture.
CNC : Comme vous l’avez souligné, comment allez-vous faire alors pour consolider cette paix, puisque vous êtes désormais à la commande pour gérer tout ce qui doit advenir dans la localité ?
PD : Je crois que la première des choses à faire, ce sera de mettre plus d’accent sur la cohésion sociale pour laquelle nous devons tout de suite nous y mettre. En cela, nous pourrons très rapidement instaurer un climat favorable au vivre ensemble. Je pense que si nous réussissons cela, la Mambéré Kadéi sera plus prospère qu’avant. Et, nous sommes déterminé à faire de la localité une préfecture exemplaire de paix et du vivre ensemble.
CNC : Dans cette mission qui vous a été confiée, que redoutez-vous le plus pour sa réussite ?
PD : Je dirais que lorsque j’ai appris ma nomination, la première des choses a été de m’interroger sur la spécificité de la Mambéré Kadéi. Fort heureusement, lors de la formation que nous avons reçue, en tant que préfet, j’ai eu suffisamment du temps de découvrir la localité. Donc, je ne me fais aucun souci pour cela.
CNC : Madame le Préfet, pour terminer, il y a une mission du Réseau des journalistes pour le développement rural (RJDR) qui a séjourné dans votre localité, week-end dernier avec comme but de sensibiliser les Organisations paysannes sur le modèle des Sociétés coopératives que le Gouvernement à travers le Ministère de l’Agriculture et du développement rural propose. Que pensez-vous d’une telle initiative ?
PD : Je commencerais par jeter des fleurs sur le RJDR, parce que la presse écrite que nous avons l’habitude de connaitre est nettement différente de ce que ce Réseau est en train de faire, notamment en accordant une place de choix au monde rural. Vous savez, le monde rural reste la base de notre société, car c’est elle qui nourrit les villes. Nous nous posons la question : que deviendraient les grandes villes sans le monde rural ? De manière particulière, je voudrais insister sur l’aspect très crucial du rôle et de la place de la femme rurale. Elle souffre beaucoup.
Je profite de votre micro pour plaider la cause de la femme rurale pour qu’elle soit aidée, en lui offrant les moyens nécessaires pour acheminer ses produits depuis les champs pour le village, soit de la maison vers le marché. Vous remarquerez que la méthode reste traditionnelle où au retour des champs, c’est la femme qui porte le bébé, avec tout le fardeau sur la tête et, une fois arrivé à la maison, c’est encore elle qui prépare à manger avant d’aller au lit. Le lendemain, c’est encore elle qui se réveille tôt pour préparer le petit déjeuner, s’occuper des enfants avant de reprendre le cycle de l’activité.
C’est fort de tout cela que je loue l’initiative du RJDR. Toutefois, j’aimerais bien que votre Journal ‘’Echo du monde rural’’ traite des sujets liés à la situation de la femme rurale, en parlant de la construction des pistes rurales et de doter les femmes avec des poussepousses. Puisque en milieu rural, dès l’âge de 15 ans, une fille est déjà mariée et commence à s’occuper des difficiles taches susmentionnées. Aussi longtemps qu’elle le fera, elle ne tardera pas à être fatiguée. A cela s’ajoutent les accouchements précoces.
Interview réalisée par Fred KROCK