Bangui - Le Président de la République, Faustin-Archange Touadéra, s'est adressé à la nation centrafricaine, jeudi 30 novembre dans une déclaration à la veille du 59ème anniversaire de la création de la République.
Dans cette déclaration d'usage à la veille d'un évènement d'importance nationale, le chef de l'Etat déclare s'attendre à la construction d'une nouvelle société qui s’appuie sur les valeurs traditionnelles de l'unité, de la dignité et du travail.
Se référant à l'article 24 de la Constitution de la RCA du 30 mars 2016 qui fait allusion à « un État de droit, unitaire, souverain, indivisible, laïc et démocratique », Faustin Archange Touadéra a déploré la perte des repères collectifs, des valeurs traditionnelles d’unité, de dignité, de travail, d’autorité et d’ordre, affaiblis à la faveur des crises récurrentes que connaît le pays.
« En 59 ans, la RCA a battu le record de coups d'État et autres tentatives de déstabilisation en Afrique, quasiment toutes les décennies », a-t-il poursuivi, relevant que cela est « l’une des causes fondamentales du retard du pays tant sur le plan économique que social ».
Les maux qui ont menacé la RCA depuis 2012 sont, selon lui, « les velléités sécessionnistes, les menaces d’explosion de la société, les menaces de partition du pays, la fracture sociale, le développement de l’intolérance ».
L’une des gangrènes relevées par le Chef de l’Etat est la perte du goût du travail chez les Centrafricains.
D’où son ambition de « construction d’une nouvelle société, moderne, ouverte d’esprit, attachée aux idéaux de paix, de tolérance, du vivre ensemble, de démocratie et d’égalité ; une société où chaque citoyen a le souci du bien commun, le sens de la citoyenneté, la recherche de la justice et de l’égalité ».
Il a aussi mis l’accent sur les jeunes et les femmes en tant que leviers sociaux et sur qui le gouvernement compte beaucoup.
Il n’a pas non plus perdu de vue le pluralisme politique, la liberté des opinions, le respect de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs et, surtout, le respect du caractère sacré et inviolable de la vie humaine.
Il a attiré l’attention de la classe politique, de la société civile et des médias sur la nécessité de bannir de leurs discours et écrits, toutes attitudes et déclarations susceptibles d’engendrer la discorde, l’exclusion, la haine ou la violence.
Il n’a pas manqué d’exprimer sa gratitude à l’endroit du principal artisan de la fête nationale, Barthélemy Boganda, et à la diaspora centrafricaine pour sa contribution à l’effort de reconstruction nationale.
Il a également eu une pensée pour les victimes des violences aveugles, la communauté internationale qui a toujours accompagné le pays sans se lasser, les forces de défense et de sécurité.
C'est la deuxième fois que Faustin Archange Touadéra s'adresse aux centrafricains en qualité de chef de l'Etat à l'occasion de l'anniversaire de la Création de la République Centrafricaine, ancien territoire français de l'Oubangui-Chari.
Entré en fonction comme chef d'Etat élu, le 30 mars 2016, Faustin Archange Touadéra est le 8ème président de la République Centrafricaine depuis la création de cet Etat par l'Abbé Barthélemy Boganda, disparu dans un accident d'avion le 29 mars 1959. Il a succédé à Catherine Samba-Panza, première centrafricaine chef d'Etat, qui assura une transition de deux années (janvier 2014 - mars 2016), après le renversement du président élu François Bozizé le 24 mars 2013 et la démission forcée de l'ex-chef rebelle Michel Djotodia.
Alain-Patrick Mamadou / ACAP