LES ARCHIVES DU FIGARO - Il y a 40 ans, Jean-Bedel Bokassa devient empereur de Centrafrique sous le nom de Bokassa Ier et se ceint de la couronne. Une cérémonie sous le signe de la démesure et de l’ostentation.
Un sacre napoléonien, loin des traditions africaines. Le 4 décembre 1977 Jean-Bedel Bokassa, maréchal et président à vie, se couronne empereur de Centrafrique, à Bangui. Il est entouré de sa garde personnelle, en uniforme de grognards. La cérémonie est calquée sur celle du sacre de Napoléon le 2 décembre 1804. Aussi après avoir revêtu le manteau de velours bordé d’hermine, frappé d’étoiles, d’abeilles et de l’emblème impérial -pièce de haute couture de 12 mètres de long-, enlevé sa couronne de lauriers d’or, il pose lui-même sur sa tête une lourde couronne. Elle est sertie de 6.000 diamants, émeraudes et rubis -pour un total de 773 carats. Il reçoit ensuite le dernier ornement de sa charge: un sceptre, d’une hauteur inhabituelle, fait de 4,5 kilos d’or et de plus de 3.000 brillants. Puis couronne son épouse Catherine -agenouillée devant lui, comme l’était Joséphine.
Luxe vertigineux
Tout n’est que démesure, à l’image du trône colossal de 3,10 mètres de haut, en forme d’aigle aux ailes déployées, qui pèse deux tonnes. Mais l’envoyée spéciale du Figaro, Hélène de Turckheim, rappelle que le faste de cette cérémonie est une grande affaire pour l’artisanat français: garde-robe d’apparat, broderies, argenterie, meubles, accessoires, bijoux, trône, carrosses, décors de table...Et même le gâteau impérial est venu de Paris. Elle relate également dans Le Figaro du 3 décembre 1977 que «231 villas ont été construites pour accueillir les invités et spécialement équipées depuis Paris par Christofle, qui a tout envoyé, 10.000 pièces: les assiettes en Limoges, les verres en Baccarat, les couverts gravés. Jusqu’aux seaux à champagne et aux briquets, et même un service à thé en argent du plus pur style Empire.» Voici en intégralité son récit du couronnement et des festivités: «Une fresque de David en marche».
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