Rien ne bouge. L’immobilisme est aux manettes du pouvoir à Bangui, devenue un refuge intérieur pour un gouvernement inapte à affronter les périls. La léthargie qui semble frapper le gouvernement Sarandji II perdure. L’incompétence du pouvoir se manifeste pratiquement dans chacune de ses rares actions. A telle enseigne que la demande de remplacement du Premier Ministre circule à nouveau avec insistance dans la capitale.
Car des soupçons inquiétants se sont répandus comme des traînées de poudre dans le pays et ont terni la probité du pouvoir : népotisme, corruption, biens mal acquis, clanisme, tribalisme et enrichissements illicites des dirigeants et de leurs proches. Les vieux démons ne lâcheront donc jamais ce pays à la renverse ? D’un gouvernement à l’autre, les prévarications et les mauvaises gouvernances continuent. La population est prise en tenaille entre les groupes armés sanguinaires et un pouvoir en sommeil. Les citoyens abandonnés aux atrocités des groupes armés ne savent plus à quel saint se vouer.
IL FAUT CORRIGER LES ERREURS ET RÉTABLIR L’AUTORITÉ DE L’ÉTAT
Si ces accusations de prévarications sont avérées, il est urgent que le président Touadera réagisse, qu’il nettoie les écuries d’Augias que sont devenus le gouvernement et le cercle des conseillers qui l’entourent. Les donateurs de Bruxelles ne débloqueront aucun fonds d’aide si la cacophonie et l’insécurité perdurent. Il semblerait même que l’aide internationale irait directement dans les poches de certains membres prédateurs du gouvernement…
Le président n’a-t-il pas été élu sur des promesses de rupture, de justice sociale et d’impunité zéro ? Ah ! Que l’espoir était immense quand Faustin-Archange Touadera remportait la victoire !
Or, après vingt mois d’exercice, la population suffoque, saisie par un désespoir et une colère légitimes. Partout dans le pays, les chemins de la paix sont bloqués par des barrières qui semblent infranchissables. La situation du pays est dans un état de décomposition avancée. La République Centrafricaine est devenue une proie pour les prédateurs internationaux. 80% du territoire sont occupés et administrés par des mercenaires arabo-musulmans descendus du nord, avec la complicité du Tchad, du Soudan et du Darfour. Les ex-Sélékas interdisent même aux Préfets et Sous-préfets de regagner leurs affectations.
A ce niveau de déliquescence, on se pose avec frayeur la question de la survie du pouvoir en place. Touadera est, désormais, lourdement menacé.
UN CLIMAT DÉLÉTÈRE
Les mécontentements sont en train, inexorablement, de se coaguler. Bangui la capitale, que l’on croyait à l’abri des affrontements, est elle-même devenue fiévreuse : un banal accident de moto-taxi met le feu aux poudres ; une insignifiante altercation entre jeunes et militaires dégénère et laisse des morts sur la route. Les quartiers sont des poudrières dont les mèches sont allumées. Les déflagrations risquent d’être ravageuses. Touadera et son gouvernement peuvent être balayés. Les groupes armés qui manipulent les populations, eux-mêmes manipulés par des forces étrangères et des politiciens centrafricains, peuvent faire la jonction avec le peuple mécontent et prendre le pouvoir par la violence.
Les jours à venir sont inquiétants. Les périls se multiplient. Les Centrafricains sont menacés de toutes parts. Il faut que le président Touadera change de gouvernement : on ne garde pas un gouvernement qui ne gouverne pas, c’est suicidaire. Et qu’il s’appuie sur le peuple, qui espère encore en lui, pour barrer la route aux aventuriers.
JOSEPH AKOUISSONNE