Groupes armés et braconniers exercent une "pression énorme" sur les espèces sauvages, notamment les éléphants, dans les aires protégées d'Afrique centrale, révèle une nouvelle étude publiée vendredi.
Selon ce rapport de l'ONG Traffic, qui se concentre sur trois parcs nationaux aux confins de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Centrafrique, le "braconnage est répandu dans toute la région et ses principaux auteurs sont des groupes armés non-étatiques, des acteurs étatiques, des éleveurs armés et des braconniers indépendants".
Ces acteurs, en particulier "l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), les Janjaweeds (milice soudanaise) et d’autres milices non-étatiques", exercent une "pression énorme sur les populations d’espèces sauvages dans ces aires protégées", les parcs de la Garamba et Bili (dans le nord de la RDC), ainsi que la réserve de Chinko (dans le sud-est de la RCA).
Les groupes armés "ciblent en particulier les grands mammifères, notamment les bongos (une grande antilope, ndlr), les buffles, les éléphants et les hippopotames", explique l'étude, menée dans près de 90 villages de la région.
La LRA vise en priorité les populations d’éléphants depuis une décennie. En 2015, des organismes de veille ont signalé que Joseph Kony, le chef de ce groupe rebelle millénariste ougandais, avait demandé à ses combattants "d’obtenir 100 défenses d’éléphant dans le complexe de la Garamba, sur une période de neuf mois".
"La corruption dans la région constitue un obstacle majeur à l'application des lois", alors que "les autorités nationales et locales, y compris les FARDC (armée congolaise), ont été impliquées directement dans le braconnage ou ont facilité le braconnage et le trafic".
Des informations indiquent cependant que "le braconnage par les soldats des FARDC a diminué ces dernières années grâce à une collaboration plus étroite avec les autorités des parcs", ajoute l'étude.
"Certains éleveurs fulani (peuls) nomades de bétail représentent une grave menace pour les espèces sauvages" dans toute cette région, s'inquiète également Traffic.
"Il est avéré que les Fulani et les Mbororo (un sous-groupe fulani), souvent lourdement armés pour leur protection, tuent des élans de Derby et des buffles pour les vendre comme viande de brousse et empoisonnent des prédateurs, tels que les lions, pour prévenir les attaques contre leur bétail".
Des Fulani "sont aussi impliqués dans le trafic transfrontalier de produits comme l'ivoire et la peau de léopard, principalement vers le Sud-Soudan et l'Ouganda", selon Traffic.