Bangui — C’est avec sérénité que Charles Armel Doubane, ministre centrafricain des Affaires Etrangères accueille la nouvelle de la levée partielle de l’embargo. Cet ancien représentant de la RCA à l’ONU, évite de s’arroger les mérites de cette percée diplomatique. Il place devant le président de la République et estime qu’il faut continuer le plaidoyer. Il l’a fait savoir dans une interview accordée au RJDH quelques heures après cette annonce.
Charles Armel Doubane, Bonjour.
CAD : Bonjour
On peut imaginer votre satisfaction entant chef de la diplomatie centrafricaine après l’autorisation des Nations-Unies pour que la Russie puisse doter le pays en arme.
CAD : Toute la victoire revient au Président de la République qui est le Patron de la diplomatie. Je ne suis que modeste Chef de cette diplomatie et j’interviens sur la base de ses instructions. Nous faisons le mieux pour que les attentes des Centrafricains trouvent une réponse et cette occasion, je crois comme mes compatriotes, comme les plus hautes autorités de la place, c’est un nouveau départ pour que nos forces soient autonomes, qu’elles aient les moyens pour contribuer aux cotés de la MINUSCA à rétablir la paix, la Sécurité et la stabilité en République Centrafricaine. C’est un motif de satisfaction nationale mais nous restons très modeste parceque beaucoup de choses restent à faire
Est-ce que les négociations avec la Russie ont commencé lors de la visite du président dans ce pays en octobre dernier ?
CAD : C’est tout un processus, le tournant c’est la visite du Chef de l’Etat à Sotie en Russie. Nous sommes dans un processus dynamique de coopération avec les pays amis notamment la Russie ainsi que les autres membres permanents du conseil de Sécurité.
Peut-on espérer d’autres dotations d’autres pays après celle de la Russie ?
CAD : Je ne cite pas des pays ou des Etats amis mais nous sommes aujourd’hui dans de bonnes dispositions pour que cet exemple soit suivi par d’autres. Mais ne perdez pas de vue que la restitution des armes confisquée au Cameroun à l’issue du changement de régime en mars 2013, a été la première initiative qui a permis de doter nos forces en armes.
Croyez-moi, nous travaillons de façon à ce que nos forces de Sécurité aient les moyens de travailler de pacifier le pays. Beaucoup de pays aujourd’hui sont dans les dispositions d’accompagner le souhait des Centrafricains dans cette voie.
Mais les Centrafricains attendaient plus qu’une levée partielle.
CAD : Notre volonté était que ce soit total mais vous savez, c’est un processus. Les questions de levée d’embargo ou de sanctions sur un pays, peuvent prendre un peu de temps ou encore beaucoup de temps. La crise centrafricaine est complexe dans sa dimension et chaque pas franchi devrait être salué. Nous continuons à œuvrer pour que la levée totale de l’embargo ou les sanctions concernant la livraison des moyens létaux pour nos forces de sécurité soit totale.
C’est entant que Représentant de la RCA à l’ONU que vous aviez suivi le vote de cet embargo aujourd’hui, c’est entant que chef de la diplomatie de ce pays que vous assistez à la levée partielle. Quel état d’esprit avez-vous ?
CAD : C’est un processus normal. Au plus fort moment de la crise, au regard de ce qui se passait, la communauté internationale avait décidé d’aider la population civile en coupant les sources d’approvisionnement de ceux qui avaient le monopole des armes mais d’une manière irrégulière en ce moment-là.
Cette décision se justifiait, mais depuis le retour à l’ordre constitutionnel, cet embargo ne se justifiait plus d’où nécessité de plaider pour la levée partielle ou encore totale de l’embargo. Aujourd’hui, c’est un processus qui a commencé, nous ne pouvons que nous réjouir d’avoir contribué à faire asseoir la paix dans notre pays en dépit de nos limites.
RJDH : Monsieur le Ministre je vous remercie.
CAD : C’est moi qui vous remercie
Propos recueillis par Sylvestre Sokambi