BANGUI - Le président du Parti Rassemblement pour la République (RPR) Alexandre Ferdinand Nguendet ex-allié de Touadera aujourd’hui dans l’opposition a qualifié de pilotage à vue, les questions des Forces Armées Centrafricaines (FACA), le tout avec en toile de fond une absence de méthodologie de travail gouvernemental. Il appelle par conséquent à une concertation politique sur les questions nationales. Position exprimée lors d’une interview accordée au RJDH ce 30 décembre 2017 à Bangui.
RJDH : Monsieur Alexandre Ferdinand Nguendet bonjour !
Alexandre Ferdinand Nguendet (AFN) : Bonjour !
RJDH : Vous êtes le président du parti Rassemblement pour la République(RPR). Quelle lecture faites-vous aujourd’hui de l’année 2017 sur le plan politique et sécuritaire ?
AFN : Avant tout, je voudrais présenter mes vœux de santé de bonheur de prospérité à tous les Centrafricains qui plaident pour la paix, la justice etc…. L’année 2017 a été l’année la plus pénible pour nos compatriotes. Je m’incline pieusement devant la mémoire de ceux qui sont tombés sous la barbarie des hommes armés qui ont endeuillé de nombreuses familles. Pour cette nouvelle année, je voudrais tout particulièrement m’adresser au Président de la République, Chef de l’Etat et garant de la sécurité à s’approprier davantage le processus de la réconciliation nationale.
Aujourd’hui, rien ne peut se faire sans les conditions de paix et d’unité et de réconciliation nationale. Sur l’ensemble du territoire national nous pouvons dire que 14 préfectures de la République Centrafricaine sont sous contrôle des groupes armés. Et pour l’année 2018 qui va commencer, nous souhaitons qu’elle soit une année au cours de laquelle, l’ensemble du territoire passe sous le contrôle de l’Etat centrafricain. Aussi le tout doit passer au plus vite et nécessairement par le dialogue. Il faut impliquer toutes les forces vives de la nation pour pouvoir retrouver la paix. Il faudrait que le gouvernement puisse engager le processus de la réconciliation sous l’initiative de l’Union Africaine. Et ceux qui pensent que la crise doit servir en ce moment de fonds de commerce, à partir de ce moment-là, l’Etat doit utiliser tous les moyens nécessaires pour restaurer son autorité.
RJDH : Un autre point est celui de la dotation des Forces Armées Centrafricaines en armes par la Russie. Comment voyez-vous le processus de rétablissement des FACA qui est en train de prendre sa forme tout doucement dans le pays ?
AFN : Le RPR encourage tout ce qui peut être fait pour assurer la sécurité des Centrafricains et garantir l’intégrité du territoire national. Mais ce que nous constatons, c’est que le gouvernement manque de méthodologie. Pour preuve, les armes sont arrivées, mais ces armes échappent au contrôle du gouvernement. Nous constatons que depuis l’accession au pouvoir du Président Touadera, il manque de méthodologie. J’en ai pour preuve, l’annonce de paiement des arriérés de salaires il y a de cela une dizaine de jours, alors que des Centrafricains souffrent au niveau du Trésor. Mais pour 2018, il faudra que le gouvernement puisse mettre plus de méthodologie dans la gestion du pouvoir. Donc, s’agissant du dossier avec la Russie, je pense que ce qui manque, c’est la méthodologie.
RJDH : Vous parlez de méthodologie qu’est-ce que vous mettiez comme contenu dans cette méthodologie ?
AFN : Du pilotage à vue ! Un pilotage à vue et une absence de concertation à un certain niveau. Par ce que c’est un dossier complexe. Vous savez personne n’ignore cette guerre de positionnement entre les grandes puissances. Donc il faut plus de méthodologie, plus de sagesse, plus de diplomatie pour que tout se passe sans conséquences majeures. Les premières conséquences aujourd’hui c’est que les armes sont arrivées mais, est-ce que c’est à la disposition des FACA ? C’est par ce qu’il n y a pas de la diplomatie, de méthode d’approche à un haut niveau. Mais nous félicitons le gouvernement et l’exhortons à tout mettre en œuvre pour aboutir à la levée totale de l’embargo sur les armes auquel la RCA est assujettie.
RJDH : Donc les armes sont déjà là mais elles ne sont pas mises à la disposition du gouvernement ?
AFN : Oui mais vous êtes journaliste ! Ce n’est pas un secret; les armes sont là mais elles ne sont pas mises à la disposition de l’Etat-major des FACA et encore moins sous le contrôle du gouvernement.
RJDH : Voulez-vous dire que les armes sont égarées ?
AFN : Oh mais vous êtes journaliste et vous devriez en savoir davantage. Ce qui est sûr, les armes ne sont pas mis à la disposition du gouvernement ni de l’Etat-major des FACA.
RJDH : Deux ans après les prestations de Touadera qui vous ont finalement conduit à changer de camp et par conséquent à opter pour l’opposition, quel bilan faites-vous aujourd’hui de la gestion de la chose publique de votre ancien allié ?
AFN : Le Président de la République a manqué de courage politique pour la prise de certaines décisions. Pour le contexte actuel, je pense qu’il faut une forte dose de courage politique. Il faut une sincérité diplomatique au niveau de la sous-région ; il faut une réconciliation sincère entre les Centrafricains. Depuis la prise du pouvoir du président Touadera, nous avons constaté que le pouvoir est géré chaque jour sans tenir compte d’un certain nombre de choses. C’est vraiment du pilotage à vue dans la prise de décisions. Aucune vision sur les questions de sécurité notamment des questions liées aux FACA. Voilà tout cela, ça prouve qu’il y a de l’inexpérience et nous exhortons le chef de l’Etat à une concertation sincère à tous les niveaux.