BANGUI — Plusieurs jeunes de Petevo et des environs exploitent la concession de la villa Kolongo ayant appartenu à l’ex Empereur Bokassa 1er pour la fabrication des briques. Cette situation est source de dégradation de l’environnement, de stagnation des eaux de ruissellement et par conséquent vecteur du paludisme selon les habitants.
La villa Kolongo a fait l’objet d’abandon par les autorités du pays et de pillage par les populations riveraines depuis le renversement de l’Empereur, sa condamnation et sa réhabilitation après sa mort. C’est dans ce contexte que les jeunes désœuvrés des environs ont décidé d’exploiter le sol de la concession de la villa pour en fabriquer des briques justifiant ainsi le manque d’emploi. Un constat du RJDH sur les lieux.
Difficile de reconnaitre ce prestigieux lieu où séjournait de temps en temps l’Empereur de Centrafrique. Le premier constat de l’observateur à son arrivée sur les lieux est celui de voir des flaques d’eau où s’abreuvent les bœufs en divagation. Aussi on peut voir les fosses creusées dans lesquelles stagne une eau purulente qui perdure même pendant la saison sèche.
La Mairie du 6e arrondissement n’arrive pas à apporter une réponse à ce problème qui menace la sécurité et la santé de la population. Cette exploitation anarchique du sol qui gagne du terrain inquiète les populations riveraines qui ont finalement décidé d’arrêter ce phénomène en plantant des pancartes sur lesquelles on peut lire «Terrain occupé». Après avoir démoli les murs des villas de Bokassa, ces jeunes désœuvrés s’attaquent désormais au sol pour la fabrication de leurs «briques cuites», détruisant des murs qui représentent pour eux un réel danger mais qu’ils ignorent.
Les notables et les autorités locales sont conscients du danger que représente cette situation pour les habitants mais se contentent de justifier et de comprendre le phénomène comme Angélique, Petevo chef du quartier Petevo qui explique sa vision du problème « cette pratique est due au chômage et aux multiples difficultés que connaissent ces jeunes. Malgré les diplômes obtenus, ces jeunes n’ont pas pu trouver du travail. Donc pour éviter le cambriolage, le braquage etc…, ils sont obligés de se lancer dans cette activité pour survivre. Mais les fosses profondes laissées par cette exploitation de la terre constituent un grand danger pour la société pendant la saison pluvieuse et surtout pour les enfants qui peuvent s’y noyer. Aussi, c’est un endroit qui n’est pas très éloigné du fleuve Oubangui et qui peut servir de conduite d’eau vers le fleuve en cas d’inondation pendant la saison pluvieuse» a-t-elle indiqué.
Mais si les autorités essayent de comprendre pourquoi, les habitants, eux, expriment leur crainte face à la prolifération et à la propagation du paludisme résultant de la stagnation des eaux dans ces fosses devenues un véritable paradis des moustiques. L’absence de suivi et de vigilance par les autorités compétentes ouvre la voie à ces jeunes de transformer ce bien public en un véritable paysage lunaire avec des cratères et ce sont les populations riveraines qui pâtissent des effets pervers de cette détérioration de cet environnement» a expliqué un habitant sous couvert de l’anonymat.
Outre cela le bois du manguier, véritable matière première pour la cuisson des briques cuites va causer un grand préjudice pour la survie de l’espèce, ce qui est un manque à gagner pour les consommateurs de mangues. Au rythme galopant de la cuisson des briques, l’abattage massif des arbres provoquera certainement l’avancée du désert. Enfin un habitant de Kolongo explique sa crainte en ces termes « cette zone devrait être en principe une zone protégée de cette production anarchique en briques. Vous conviendrez avec moi que la proximité du port pétrolier avec ces usines à briques produisant des fours ardents constitue un réel danger d’embrasement des énormes réservoirs de carburant à Bangui.» s’inquiète cet habitant.
Les jeunes responsables de ces faits refusent systématique de se prononcer, jugeant que « ce sont des média qui poussent les autorités à venir les chasser ».
Après la réhabilitation de Jean Bedel Bokassa par François Bozizé, la question de ses biens reste posée.