Bambari- Roger-Simplice Gbodjovo, chef du village Ngoungba, près de Bambari ( ) a indiqué, lors d’une interview, mardi 2 janvier 2018, à Bambari (388 km au nord-est de Bangui), qu'il était ému et inquiet en s’apercevant que bon nombre des réfugiés soudanais ayant vécu dix années dans un camp en face de son village ont quasiment tous été évacués à leur demande pour leur pays d’origine.
« Nous vivions en symbiose avec nos ‘frères’ soudanais jusqu’à ce qu’ils aient décidé de retourner dans leur pays d’origine. Nous sommes chagrinés et nous inquiétons de la suite, c'est-à-dire de la gestion des infrastructures sociales qui seront léguées au gouvernement de notre pays », a relevé M. Gbodjovo.
« Lorsque les réfugiés étaient encore ici, poursuit-il, grâce à eux, le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR) et ses partenaires avaient recruté des enseignants et un personnel de santé. Les enfants, tant des réfugiés que des villageois, allaient sans discrimination dans la même école. Les réfugiés et villageois se faisaient soigner gratuitement au centre de santé et avaient l’eau potable ».
Qu’en sera-t-il demain, s’est-il inquiété puisque les réfugiés qui sont restés se comptent au bout des doigts ? Raison pour laquelle, M. Gbodjovo a émis le vœu de voir le gouvernement doter le centre de santé en personnel soignant et les écoles en enseignants.
Il a également suggéré que les forces de la MINUSCA continuent les patrouilles dissuasives dans la zone pour permettre de préserver les infrastructures.
Des voix se sont également élevées pour proposer à la mairie de Pladama Ouaka d’envisager des initiatives endogènes de pérennisation des acquis du séjour des réfugiés soudanais dans la commune.
M. Gbodjovo dit avoir beaucoup appris auprès des réfugiés soudanais, dont les femmes étaient très actives dans le domaine de l’agriculture tandis que les hommes, eux, ont une connaissance très approfondie du commerce, de l’élevage et des petites unités de production, qu’elles soient artisanales ou industrielles.
Le rapatriement volontaire des réfugiés soudanais du camp de Pladama Ouaka a provoqué des émotions, tant dans les rangs des réfugiés eux-mêmes que dans ceux des autochtones.
Après que la Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR) aura achevé de doter les réfugiés qui ont choisi de rester en République Centrafricaine, à partir de ce moment, ils ne seront plus obligés de continuer à vivre au camp, une manière de dire qu’ils pourront aller vivre dans n’importe quelle localité centrafricaine de leur choix.
Alain-Patrick Mamadou