« Avec mes camions, je peux aller vendre dans la moitié de la Centrafrique », explique Omar Garba, un des principaux marchands du nord du pays. Outre la route commerciale qui passe par le Cameroun, un autre circuit parallèle approvisionne une large partie de la Centrafrique en nourriture et armes, via le Soudan et malgré les zones de combats.
À Birao, il est un notable connu de tous. Avec ses six camions, sa maison en dur et l’entreprise la plus prospère de la région, Omar Garba a un circuit bien rôdé : ses camions partent acheter savon, huile, essence, sodas, et quantité de biens de consommation au Soudan. Puis ils les vendent en Centrafrique, font des milliers de km pour traverser le pays du nord au sud et écouler ses stocks.
Enfin, ils rechargent avec des produits locaux (café en tête) pour les revendre au Soudan.
Zone de combats
« C’est bien simple, un kilo de sucre qu’on achète 500 francs (moins d’un euro) au Soudan, on le revend 1000 francs en Centrafrique (presque 2 euros) », explique le commerçant. Outre ses camions, des dizaines d’autres chargements, soudanais, passent chaque semaine la frontière entre les deux pays, à Am Dafok.
« Si on regarde la relation des gens d’ici avec Bangui et la distance qui les sépare, c’est normal qu’ils se sentent attachés au Soudan, où ils viennent acheter les produits de chez nous », estime le consul du Soudan à Birao, Yassir Hassan Batran. « Et chez nous, on bénéficie du café centrafricain », dit-il en souriant, chez lui, en boubou et un cola sur la table.
Et pourtant, sur la route centrafricaine de ces commerçants se trouvent les villes de Bria, Ippy, Alindao… Autant de localités où les combats entre groupes armés font rage depuis de nombreux mois au mépris des civils, enclavant les régions attenantes.
La « taxation » des groupes armés
Ces groupes armés tirent parti de cette route commerciale, importante manne financière grâce à la « taxation » qu’ils y imposent.
Eux s’en défendent, et le principal groupe armé de la zone, le (FPRC), préfère y voir une protection des transporteurs : « On leur fournit une escorte militaire contre rémunération. Nos combattants ont besoin de vivre, aussi ! », explique un des leaders du groupe à Birao.
« Le pire, c’est les check-points des antibalaka (antimachettes). Eux te prennent tout, c’est des voleurs », explique un autre cadre du groupe armé, assurant que les combattants du FPRC ne taxent personne.
140 check-points tenus par l’ex Séléka
... suite de l'article sur Jeune Afrique