DES ÉLÉMENTS DE LA FORCE SANGARIS, SOUPÇONNÉS DE VIOLS ET D’ACTES DE PÉDOPHILIE, ONT ÉTÉ RELAXÉS
UNE DÉCISION INTOLÉRABLE
Il fallait s’y attendre – nous avions d’ailleurs évoqué ici même, à plusieurs reprises, un probable acquittement des soldats français accusés de viols et d’actes de pédophilie en Centrafrique.
Qu’exprime ce non-lieu, sinon tout le mépris des juges chargés du dossier face aux accusations portées par de jeunes enfants contre quelques éléments égarés de la force Sangaris ? La décision, choquante, a été prise alors que les affirmations de ces jeunes victimes innocentes de ces crimes odieux – car le viol est un crime – se recoupent ; alors que des témoins oculaires ont confirmé ces abus sexuels ignominieux ; alors que des auteurs de ces agressions ont été identifiés. Des médias français étaient allés sur place interroger des victimes et des témoins. La concordance des témoignages avait laissé peu de doute sur la véracité des faits.
Et pourtant, il y a eu non-lieu.
C’est choquant, c’est insupportable.
Est-ce qu’on n’est pas amené à s’interroger sur ce qui apparaît comme un « deux poids, deux mesures » ? Imaginons qu’il s’agisse de soldats africains soupçonnés de violences sexuelles à l’encontre d’adolescentes européennes : quel tollé ! Quelle indignation ! On crierait à l’acte barbare ! On réclamerait un châtiment exemplaire !
On se demande si leur qualité d’africaines ne transforme pas les victimes en entité négligeable. A-t-on véritablement pensé à elles et à leurs parents, qui attendent depuis si longtemps que la justice se fasse ? A-t-on réfléchi aux conséquences dramatiques de ces abus ? Des enfants vont naître à la suite de ces copulations forcées. Que vont-ils devenir, dans une Centrafrique précarisée, où de nombreux enfants sont déjà en errance ? Les malheureuses mères seront montrées du doigt et peut-être même répudiées par leurs familles. Ces abus sexuels constituent une souillure de la femme centrafricaine. C’est toute une nation qu’on a violentée.
Devant un acquittement aussi insupportable, qui se pare des oripeaux coloniaux et qui agresse l’honneur des Centrafricains, les relations franco-centrafricaines risquent de se détériorer.
L’INSUPPORTABLE SILENCE DES AUTORITÉS CENTRAFRICAINES
Les soldats de la force Sangaris ne sont pas les seuls à être concernés par les accusations de dérives sexuelles en Centrafrique : un certain nombre de Casques Bleus de la MINUSCA, tchadiens, burundais, congolais et autres, se sont livrés, eux aussi, à des abus ignominieux.
Mais, du côté de l’ONU, après des manœuvres d’étouffement, là aussi c’est silence radio. Les sanctions n’ont pas été prises. On n’a pas demandé de compte aux pays dont les ressortissants étaient pourtant convaincus de violences sexuelles.
Face à toutes ces agressions, le gouvernement centrafricain devrait être en première ligne pour exiger que la justice se fasse. Mais il se tait. Après ce non-lieu scandaleux, les autorités centrafricaines se sont murées dans le silence.
Une action aurait dû être lancée immédiatement, le gouvernement centrafricain aurait dû se constituer partie civile et faire appel. Demander un mandat d’arrêt international contre les auteurs de ces crimes. Exiger de l’ONU qu’elle oblige les pays, dont certains soldats étaient impliqués, à engager des poursuites judiciaires à leur encontre. La France, il faut le reconnaître, a procédé à des actions judiciaires – malheureusement poudre aux yeux, puisqu’elles ont abouti à des non-lieux.
Un autre pays aurait peut-être eu gain de cause. Mais voilà, nous sommes en République Centrafricaine, pays à la souveraineté Canada Dry, où l’on peut venir massacrer des populations, violer des femmes et des adolescentes et, malgré ces crimes, échapper à la justice.
Il est urgent que les autorités réagissent, se fassent respecter et protègent leurs populations.
Ce mépris insupportable ne peut plus durer.
JOSEPH AKOUISSONNE