GORE (TCHAD) - 20.000 personnes, en majorité des femmes et enfants fuyant les exactions des groupes armés, ont fui le nord de la République centrafricaine (RCA) pour trouver refuge au sud du Tchad.
Dans le village tchadien de Békoninga, à sept kilomètres de la frontière centrafricaine, parmi des milliers de personnes, venues de la RCA voisine,la plupart sont des femmes et des enfants, à 95%, selon les autorités du village qui les accueillent et les enregistrent avant l'arrivée des organisations humanitaires, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Dans les rangs des Centrafricains qui affluent à Békoninga, il y a beaucoup d'enfants non accompagnés. L'un d'eux, Hamidou, dix ans, est arrivé avec son frère cadet âgé d'à peine 2 ans.
"Tous ces enfants non accompagnés sont dans une situation critique", déplore Réoutar Hyppolite, chef d'équipe HCR à Békoninga, ajoutant qu'"Une liste complète de ces mineurs sera bientôt finalisée et distribuée aux partenaires pour une prise en charge rapide".
Hassan Issa qui parle un peu de français, aide les agents du HCR à faire enregistrer d'autres réfugiés qui parlent le sango (langue nationale en RCA) ou le peul. Il espère ainsi recevoir en contrepartie "quelques moyens pour survivre".
Dans l'immédiat, les réfugiés de Békoninga ne reçoivent pas encore d'aide matérielle. "Nous sommes dans la phase d'accueil et de pré-enregistrement. Seule une assistance psychosociale est donnée aux plus vulnérables: personnes âgées, femmes enceintes et enfants", explique Réoutar Hyppolite.
A huit kilomètres de la frontière, plus de 2.600 Centrafricains ont été enregistrés dans les dix-huit villages dépendants du canton d'Oudoumian, soit le cinquième de la population totale de ce canton. Tous ont été accueillis à bras ouverts. "Nous nous débrouillons à dormir ensemble dans des cases, même si c'est trop serré", confie Rimbaneang Joël, chef du canton d'Oudoumian.
Pour donner l'exemple de cette solidarité, le chef a mis une de ses cases à la disposition de Djétel Elysée, son épouse et ses deux enfants. Ce sexagénaire est arrivé la semaine dernière à Oudoumian, après avoir marché à travers la brousse, depuis son village de Bédjangala, situé à une vingtaine de kilomètres à l'intérieur de la RCA. Voyant les événements venir, il avait envoyé sa femme et ses enfants à Oudoumian dès le 18 décembre. Mais le fils de son frère cadet a été tué par des hommes armés; quatre membres de sa famille qui ne peuvent pas marcher, sont restés sur place. Aujourd'hui, il est sans nouvelle d'eux.
"Les premiers arrivés qui ont des familles ici, ont eu la chance d'être mis dans des cases. Ceux qui ont suivi, sont dans des salles de classe, d'autres encore sous des arbres car nous ne pouvons pas héberger tout le monde", indique le chef de village de Békoninga, Pierre Romba. Ici, plus qu'ailleurs, le problème d'hébergement se pose avec acuité. Avec les dernières pluies, beaucoup de toitures des cases ont été détruites et n'ont pas encore été reconstruites.
La nuit tombée, huit à dix femmes et enfants se retrouvent ainsi entassées dans une case ronde ou rectangulaire d'à peine de trois mètres de diamètre. Les hommes, eux, dorment à l'air libre, sous les manguiers et au milieu des hautes herbes. Dans ces villages, la literie est un luxe et les nattes et les couvertures manquent; beaucoup dorment à même le sol. A Békoninga, comme à Oudoumian, l'hiver bat son plein et avec le cours d'eau qui borde le village, il fait très froid, ce qui provoque de nombreuses maladies. Pour éviter une nouvelle crise sanitaire, le HCR accélère le processus d'enregistrement.