Des bruits d’armes automatiques déchiraient le début de l’après-midi hier a Paoua, aux alentours de la base de la MINUSCA. Informations prises par la suite, il s’agissait de tirs de sommation des casques bleus pour disperser une foule très en colère.
Quelques jours avant, en prévention d’un risque de contamination de la ville par les bandes armés maraudant autour de la cité, la Minusca, aux MNLC et aux RJ, leur avait donné un ultimatum de 48h pour s’éloigner, à au moins 50km de la ville.
A la fin de cet ultimatum, les casques bleus ont alors investi le périmètre interdit, et ont réussi à capturer 18 miliciens du MNLC d’Ahmat Bahar. Des peuls pour l’essentiel. Mais l’information de ces captures a fait le tour de la ville comme une traînée de poudre, et immédiatement, des jeunes se sont massés sur le parcours des Casques bleus, afin d’ériger des barrières contre leurs blindés, transportant les prisonniers.
Avec une exigence, que ces rebelles leur soient remis, afin qu’ils puissent en disposer en les massacrant. En représailles contre toutes leurs abominations dans la région. Une grande partie des déplacés s’est jointe à ces jeunes, pour une manifestation devant la base de la Minusca.
Il aura fallu près d’une heure aux casques bleus, et à coups de tirs d’armes en l’air, pour finalement parvenir à les disperser. Cependant, dans la confusion, deux des prisonniers ont été pris par la foule, et lynchés immédiatement. Et l’un d’eux brûlé vif devant une foule enthousiaste, selon un témoin joint peu après.
A Bangui, Vladimir Monteiro le porte parole de la Minusca de faire le point de la situation : “Ce qui s’est passé, c’est que la Minusca au cours de cette opération, a arrêté quelques 18 éléments d’Ahmat Bahar. Au moment ou la Minusca a voulu remettre ces personnes à la police et à la gendarmerie centrafricaine, les populations se sont soulevées. Certains voulaient s’en prendre à ces personnes, les prendre à partie. C’est pour cette raison que nous les avons ramenés dans notre base. Nous appelons les populations au calme. Ces personnes seront remises à la justice. “
Cependant, en début de soirée, le calme n’était toujours pas revenu. Seulement ce jour, même si les tensions sont toujours palpables dans la ville.
Une affaire qui avait fait réagir Martin Ziguélé (MLPC), un des députés locaux : “Je lance un appel solennel à la population de Paoua, et surtout à la jeunesse, de laisser la Minusca faire son travail. […] La Minusca a pu mettre la main sur 18 éléments des groupes armés qui doivent être transférés à la justice à Bangui. […] Il faut plutôt encourager ce qui est en train d’être fait, au lieu de semer le trouble. C’est pour cela que je demande à la population de garder son calme, et de laisser la justice et la Minusca, chacune de son côté, faire son travail.”
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