Il aura fallu attendre plus d’un mois plus tard pour se faire une idée exacte sur l’attaque perpétrée par les éléments de la sanguinaire coalition des ailes dissidentes de la séléka, l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) du mercenaire nigérien Ali Darass et le Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC) de Abdoulaye Hissen. Sous silence, c’était 17 personnes qui étaient massacrées lors de cette attaque du 12 décembre dernier à l’hôpital d’Ippy, selon le rapport d’une mission diligentée par la Minusca dans la localité en janvier dernier.
C’est tardivement à travers un communiqué de presse rendu public, ce 5 février par la Minusca que le lourd bilan de l’attaque armée perpétrée le 12 décembre 2017 dans l’hôpital d’Ippy va être mis à jour. Et pourtant, 17 personnes avaient atrocement et sauvagement péri sous les balles des hommes de l’UPC de Ali Darass et ceux du FPRC de Abdoulaye Hissen. Dans le communiqué de presse, peut-on lire que la Minusca « condamne avec fermeté l’attaque d’un hôpital civil dans la préfecture de la Ouaka par les groupes armés de l’UPC (Mouvement pour l’Unité et la Paix en Centrafrique) et du FPRC (Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique). Cette attaque armée s’est déroulée le 12 décembre 2017 dans la ville d’Ippy et a entraîné la mort de 17 civils ».
Entre les lignes de ce texte onusien, la mission de l’Onu a dépêché une mission d’établissement des faits au mois de janvier 2018, qui a confirmé l’attaque délibérée contre les civils à l’hôpital d’Ippy. A en croire des témoins rencontrés par la mission déployée à Ippy, les combattants de l’UPC et du FPRC ont encerclé l’hôpital le 12 décembre 2017 et ont ouvert le feu sans discrimination sur le personnel civil de l’hôpital et sur les patients, tuant 12 hommes, une femme, trois enfants et un bébé. Les assaillants ont ensuite forcé un groupe de civils, principalement des femmes et des enfants, à accompagner les combattants alors qu’ils se retiraient en direction de la ville, à pied.
Toujours selon le communiqué de presse, la Minusca exhorte tous les groupes armés à s’abstenir immédiatement de toute attaque contre les civils et rappelle à tous les acteurs concernés du statut de protection particulier accordé aux hôpitaux et aux structures médicales en vertu du droit international humanitaire. La Minusca rappelle aux commandants de l’UPC et du FPRC à Ippy, respectivement le ‘’Général’’ Ahmat Wadal Woundal et le ‘’Colonel’’ Adam Moktar, que les attaques dirigées contre les hôpitaux et l’utilisation de civils comme boucliers humains constituent de graves violations du droit international des droits de l’homme, et peuvent également constituer des crimes de guerre. La Minusca exhorte, de surcroît, la hiérarchie de l’UPC et du FPRC à prendre des mesures immédiates pour minimiser les victimes civiles et pour punir les combattants impliqués dans l’incident d’Ippy ou d’autres attaques contre les civils.
En conclusion, la mission onusienne promet de partager les conclusions de sa mission d’établissement des faits sur l’attaque de l’hôpital à Ippy avec les autorités centrafricaines et fournira son appui à la mise en œuvre des mesures qu’elles jugeront appropriées pour s’assurer que les responsabilités pour les crimes commis soient établies et que l’autorité de l’Etat soit restaurée à Ippy. La Minusca demeure engagée à travailler aux cotes du Gouvernement et des communautés locales pour promouvoir la stabilité à Ippy et ses environs.
Il faut noter avec regret que les seigneurs de guerre et criminels de la Séléka, au lieu d’être traqués sont paradoxalement chouchoutés par la Minusca. Car, une telle révoltante révélation méritait normalement de lancer la chasse de commanditaires et auteurs de l’attaque, en vue de les traquer et les mettre hors d’état de nuire. Seulement, les Abdoulaye Hissen et Ali Darass, ainsi que leurs sbires, les fameux Ahmat Wadal Woundal et Adam Moktar sont libre comme le vent et continuent allégrement de terroriser et massacrer les paisibles populations civiles. De quoi mettre en doute le sérieux de la Minusca qui se dit avoir « mandat de protection des civils ».
De son côté, le gouvernement peine encore à opérationnaliser au sens propre du terme, les Forces armées centrafricaines (FACA), afin de répondre par la force à de tels crimes.
Fred Krock