Qui peut imaginer un seul instant que le ministre de l’administration du territoire, pourtant chargé de l’organisation et du fonctionnement des circonscriptions administratives et des services locaux, n’a pas été informé de l’installation des soldats russes dans la concession privée de l’ex-empereur Jean Bedel Bokassa qui est aussi son père ? Étant ministre chargé de l’organisation et du suivi des chefferies traditionnelles, monsieur Jean-Serge Bokassa est mis à l’écart dans le dossier russe, et ce, depuis le début de l’affaire. En conséquence, il est rentré en rébellion ouvertement contre le Président Touadera et son chef Simplice Mathieu Sarandji. Le mardi dernier, l’homme a tenu un discours musclé contre le gouvernement et le Président Touadera à Bérongo en présence des deux de ses collègues ministres envoyés par le Président Touadera pour calmer les esprits de la population locale. Jean-Serge Bokassa prépare-t-il vraiment sa démission du gouvernement ?
« Même si le chef a toujours raison, cette fois, il a tort », explique le ministre Serge Bokassa en off après son discours de Bérongo mardi 6 février dernier.
Si aujourd’hui le ministre Bokassa est sensiblement touché par la présence russe dans la concession privée de son père défunt empereur Bokassa, c’est par ce que ce lieu abrite des endroits non seulement sacrés, mais aussi il a comme occupant le corps du célèbre Empereur centrafricain, le père de l’armée nationale, le bâtisseur du pays Jean-Bedel Bokassa, même si le lieu est vaste, conclut un proche parent de la famille contacté par CNC.
Entre-temps le ministre Jean-Serge Bokassa, accompagné de deux de ses collègues ministres parmi lesquels se trouve celui de la Justice Flavien Mbata pour aller tenter de calmer la tension suscitée par la présence de ces soldats russes sur la tombe de Bokassa père à Bérongo, il n’a pas du tout épargné le Président Touadera et le gouvernement dans son discours en français, sango et ngbaka, langue locale.
Ses propos très durs, n’ont pas plu à ses patrons qui veulent jouer au double-jeu. Serge Bokassa a même appelé la population de Bérongo en particulier, et celle de la Lobaye en général à prendre leur responsabilité vis-à-vis de cette décision du Président Touadera.
Afin de marquer les esprits, le ministre Bokassa a suspendu sa participation à cette mission d’explication du gouvernement qui devrait se poursuivre jusqu’à Mbaiki.
Après ce discours très applaudi par la population de Bérongo, beaucoup pensent que le départ du ministre Bokassa du gouvernement serait inévitable. D’ailleurs, l’homme n’a rien à perdre, selon certaines langues au sein du gouvernement. Par contre, le Président Touadera alias la Tortue de Damara pourrait perdre l’un de deux meilleurs alliés du régime.
Du côté de la population locale, on préfère voir partir tout simplement tous ces soldats russes qui piétinent leur lieu sacré non seulement pas à cause de la tombe de l’ex-empereur Bokassa, mais par rapport aussi à leur comportement dans ce village.
Selon plusieurs habitants du village Bérongo contactés par CNC, les soldats russes ne veulent rien acheter localement. Même les papayes, les bananes …, ils ne veulent rien acheter entre leur main, alors que les Sangaris (soldats français) achètent toujours leurs produits lorsqu’ils sont de passage dans leur village.
Rappelons que le ministre Jean-Serge Bokassa, lors du dernier remanienement, a été retrogradédu rang protocolaire au sein du gouvernement et son poste, réduit à moitié. Ce qu’il n’a pas apprécié d’ailleurs. En plus, les nominations des Préfets et sous-préfets ont été faites sans avoir le consulté au préalable, ce qui a conduit à la grève illimitée du personnel de son ministère qu’il a soutenu.
L’affaire des soldats russes à Bérongo n’est qu’une décision de trop pour lui, d’autant plus que dans son bras de fer contre le DG de la gendarmerie il y’a quelques mois, le Président Touadera préfère s’aligner derrière ce dernier qui est aussi son frère du village.
En attendant le prochain épisode, le ministre est toujours membre dku gouvernement Sarandji.
Gisèle Moloma