De la drogue et des munitions ont été découvertes dans le centre de la Centrafrique, cachées dans un camion affrêté par une entreprise privée sous contrat avec l’ONU, a déclaré jeudi la mission des Nations unies en RCA, la Minusca.
"La Minusca a ouvert une enquête", a indiqué à l’AFP le porte-parole de la mission, Vladimir Monteiro, après la découverte par des Casques bleus, à Ippy (centre), de plusieurs centaines de munitions de fusil de chasse cachées dans des bidons et d’une drogue dont la nature n’a pas été précisée.
"Ces marchandises n’étaient pas dans les containers scellés mais sous" le chargement, a précisé M. Monteiro. Tous les matériels onusiens transportés par des compagnies privées en Centrafrique le sont dans des containers scellées et marqués du sigle "ONU".
Le camion appartenait à un sous-traitant de l’entreprise Ecolog -fournisseur de services, notamment de transport, dont le siège social est à Dubaï-, en contrat avec l’ONU en Centrafrique. La Minusca a convoqué les dirigeants à Bangui de l’entreprise, selon M. Monteiro.
"Ce sont nos hommes qui ont constaté la présence de ces marchandises et qui nous ont alerté", a tenu à préciser M. Monteiro, tandis qu’un groupe armé opérant dans la zone, le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC emmené par Noureddine Adam) avait fait savoir dans un communiqué dimanche que la cargaison "frauduleuse" avait été découverte par ses éléments.
"Pourquoi le gouvernement qui parle de la restauration de l’autorité de l’Etat a pu laisser circuler librement ces produits? N’est-t-il pas complice dans la distribution des munitions dans l’arrière pays avec ce système?", indiquait le communiqué du groupe armé.
Selon son site internet, l’entreprise Ecolog travaille en Centrafrique avec l’ONU, mais aussi avec des ONG et d’autres clients privés. Ailleurs dans le monde, la société a notamment travaillé avec les armées américaine, française et allemande.
La Centrafrique, où de nombreux groupes armés continuent de sévir, est visée par un embargo sur les armes depuis 2013.
Le carrefour stratégique du centre du pays, entre les villes de Bakala, Ippy et Bambari, est sujet à de nombreux combats entre des groupes armés qui s’allient selon les circonstances et leurs intérêts locaux (contrôle de mines, racket routier, vol de bétail).
La Centrafrique est embourbée dans un conflit meurtrier depuis 2013. L’Etat n’a de contrôle que sur une maigre partie du territoire national, tandis que les groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle du diamant, de l’or et du bétail dans ce pays qui est un des plus pauvres du monde.