Trois personnes ont été tuées et au moins sept blessées, entre jeudi soir et vendredi matin, dans des échanges de tirs entre deux groupes armés du PK5, quartier où habite la majorité des musulmans de Bangui, a appris l'AFP de sources concordantes.
Deux corps étaient gardés vendredi matin à la mosquée, a constaté un correspondant de l'AFP, tandis qu'au moins huit personnes ont été blessés et emmenées dans des hôpitaux alentours, selon des surveillants de l'hôpital communautaire de Bangui et de l'hôpital du quartier Sica 1 géré par l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF).
L'un des blessés admis à l'hôpital communautaire a succombé à ses blessures vendredi, a indiqué un surveillant de l'hôpital à l'AFP.
Selon un habitant du quartier, les hommes d'un groupe armé du quartier PK5, emmené par le surnommé "Force" se sont opposés à partir de jeudi soir à des hommes d'un ancien groupe armé reconvertis en agents de sécurité, emmenés par "You le géant".
"Les hommes de +Force+ ont tenté de fermer le marché (dont les hommes de +You le géant+ ont la surveillance), ce qui a entrainé une réplique des hommes de +You le géant+", a expliqué cet habitant à l'AFP, sans que le déroulé exact des événements ait pu être confirmé de sources concordantes.
Depuis plusieurs jours, le PK5 est en proie à de fortes tensions entre les commerçants, les groupes armés et la Minusca, la mission de l'ONU en RCA.
Ces nouvelles violences sont "la goutte d'eau qui fait déborder le vase", a déclaré à l'AFP Karim Yahya, secrétaire général d'un collectif de victimes de ces groupes armés, qui menace: "si la Minusca ne veut pas prendre ses responsabilités, nous allons marcher contre les groupes armés, et contre la Minusca".
La semaine dernière, l'association des commerçants du PK5 (ACK) avait lancé un ultimatum à la Minusca pour qu'elle démantèle les groupes autoproclamés d'autodéfense du PK5, accusés de violences et d'exactions envers les commerçants et la population.
L'annonce de cette marche, reportée à plusieurs reprises, faisait suite à une série de violences des groupes armés du PK5, qui tentent d'intimider les commerçants, selon eux, depuis que ces derniers ont décidé, le 18 janvier, d'arrêter de payer les groupes armés qui monnayent leur "protection".
Les commerçants du PK5 estiment que la Minusca - qui a renforcé sa présence dans le quartier - n'agit pas assez contre les groupes armés présents.
Mardi, l'ACK et la Minusca se sont rencontrées. "Des mesures ont été récemment prises en vue de sécuriser les points de chargement et de déchargement des camions", a tenu à rappeler le porte-parole de l'ONU en RCA, Vladimir Monteiro, qui a mis en garde les groupes armés en disant qu'ils devront répondre de leurs actes criminels.
Fin janvier, les commerçants avaient déposé une vingtaine de plaintes contre les groupes d'autodéfense et demandé à l'Etat et à la Minusca le démantèlement de la quinzaine de bases occupées par ces groupes.