BANGUI -Le procès des quatorze éléments Séléka en cours devant la cour criminelle tourne autour de la personne de Abdoulaye Hissene, accusé mais absent à l’audience.
Douze éléments Séléka comparaissent depuis le 14 février devant la Cour criminelle. C’est autour de la personne de Abdoulaye Hissene, accusé mais absent que se joue ce procès. Le président de la Cour, le procureur général et les avocats de la défense ont tout mis en œuvre pour établir les relations entre Abdoulaye Hissene et chacun des douze accusés présents à l’audience.
Alors que certains accusés présentent Abdoulaye Hissene comme leur chef, responsable de mouvement politico-militaire (CPJP) auquel ils appartiennent, d’autres jouent sur la fibre ethnique comme Adam Sallé, «Abdoulaye Hissene est mon oncle et c’est pour cela que je le suis. J’habitais chez lui jusqu’à ce qu’il me propose de me ramener au village», explique-t-il.
Ismaël Issa, un autre accusé avance le leadership du principal accusé, « Abdoulaye Hissene est le chef de la CPJP et c’est lui qui m’a amené à Bangui après le coup d’Etat de la Séléka », explique l’accusé devant la barre.
Depuis le début de ce procès, les débats ont aussi porté sur l’existence ou non d’un ordre de mission qui aurait été délivré à Abdoulaye Hissène par le président Faustin Archange Touadéra. Les accusés interrogés ce jour ont affirmé avoir vu ce document qui, selon l’accusé Adam Sallé «a permis de franchir les barrières de PK12, Nguerengou à 35 km de Bangui avant de faire face à la résistance à Damara où j’ai été blessé par balle alors que nous étions en train de changer une des roues d’un véhicule», a-t-il expliqué à la barre.
Le procureur général a tout fait pour décrédibiliser les témoignages des accusés sur la question d’ordre de mission signé par le chef de l’Etat, histoire d’éviter que le nom du président de la République soit mêlé à ce procès, «ce que ces accusés disent est contradictoire et n’a aucune valeur parce que tous affirment avoir vu l’ordre de mission sans savoir ce qui y était écrit. Tout ceci ne tient pas la route et personne ne peut en tenir compte ici », relève le procureur général, très ferme sur ce point.
Abdoulaye Hissene, principal accusé dans ce procès, est jugé par contumace. Cette affaire remonte au mois d’aout 2016 lorsqu’à la tête d’un convoi armé, Abdoulaye Hissene a tenté de rejoindre la ville de Kaga Bandoro. Stoppé à 30 km de Sibut, le leader de la CPJP a réussi à échapper à la Minusca mais plusieurs de ses éléments ont été interceptés et transférés à Bangui.Ce sont ces éléments qui comparaissent devant la Cour criminelle. Abdoulaye Hissene est cependant signalé depuis quelques semaines à Ndélé après des passages à Kaga Bandoro, Ippy et Bria où il a initié des accords de cessation des hostilités avec des Antibalaka, accords qui n’ont jamais produit les effets escomptés.