La Minusca, la mission de l'ONU en Centrafrique, a déclaré prendre "très au sérieux" les accusations portées par un évêque sur des abus sexuels commis par des Casques bleus, selon un communiqué reçu jeudi par l'AFP.
La Minusca, selon les termes du communiqué, "prend très au sérieux les allégations d'abus sexuels commis par ses troupes qui ont été faites par l'évêque de Bangassou, Monseigneur Aguirre, dans un journal espagnol".
Les Casques bleus "ont abusé et ont laissé enceintes de nombreuses jeunes" à Bangassou, dans le sud-est de la Centrafrique, avait déclaré début mars Mgr Juan José Aguirre à la radio espagnole ABC.
Près de 1.500 déplacés musulmans se sont réfugiés depuis mai 2017 dans l'enceinte du petit séminaire de l'évêché à Bangassou, protégés par des Casques bleus, gabonais et marocains notamment, qui tentent d'empêcher des attaques par des milices antibalaka sur le camp de déplacés.
Les antibalaka qui tiennent Bangassou - frontalière de la RD Congo- avaient attaqué Bangassou, une ville de 35.000 habitants le 13 mai 2017, faisant 76 morts selon l'ONU. La ville vit depuis lors sous leur coupe, au rythme des violences, des caprices de la soldatesque, de ses exactions et des rivalités entre ses chefs.
Ces "rumeurs" d'abus sexuels par des Casques bleus à Bangassou avaient été portées "à l'attention des Nations unies depuis plusieurs mois", souligne le communiqué de l'ONU. Une mission d'enquête avait été mise en place, selon le texte, et avait "conclu qu'aucun élément tangible ne pouvait étayer ces allégations".
Mais la Minusca "reste déterminée à assurer que toute nouvelle allégation d'exploitation et d'abus sexuels fasse l'objet d'une enquête".
Depuis son déploiement en 2014 dans le pays, la Minusca fait face à une avalanche d'accusations d'agressions sexuelles.
En juin, un bataillon de plus de 600 soldats du Congo-Brazzaville avait été renvoyé après des accusations d'agressions sexuelles et divers trafics. En 2016, 120 Casques bleus de la même nationalité avaient déjà été renvoyés pour les mêmes motifs.
Dans le camp de déplacés à Bangassou, les jeunes "sont désespérées, elles meurent de faim et plusieurs fois, elles insistent pour vendre leur corps (à des Casques bleus) pour pouvoir manger", avait ajouté l'évêque.
La Centrafrique est embourbée dans un conflit meurtrier depuis 2013. L’État n'a de contrôle que sur une maigre partie du territoire national. Les groupes armés s'affrontent dans les provinces pour le contrôle du diamant, de l'or et du bétail, dans ce pays qui est l'un des plus pauvres au monde.