Le Conseil des Ministres Gabonais a décidé, lors de sa réunion du 8 mars 2018, de retirer les Forces Gabonaises de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA). Ainsi, après avoir participé à la mission de l’ONU durant 21 ans, les 450 casques bleus gabonais quitteront, en juin prochain, les 12 500 soldats présents en République Centrafricaine.
Le Président de la République Centrafricaine Faustin Archange Touadéra a effectué une visite à Libreville le 5 mars 2018, au cours de laquelle il a évoqué la situation politique et sécuritaire de son pays avec le son homologue gabonais. Suite à cette visite, le Ministre des affaires présidentielles et de la défense nationale « a sollicité l’accord du Conseil des Ministres pour le retrait des Forces Gabonaises de la République Centrafricaine, eu égard au retour progressif de la paix et de la stabilité dans ce pays frère« .
Sur cette base, la démobilisation effectives des troupes est prévue lors de la prochaine rotation des troupes.
Une raison officielle douteuse
La réalité du terrain soulève de nombreuses interrogations quand à ce retrait et à ses motivations alors qu’en novembre 2017, l’ONU votait un renforcement de la force à hauteur de 900 hommes.
Pas plus tard qu’au début du mois de mars encore 6 travailleurs humanitaires été tués dans une attaque au Nord du pays. De nouvelles exactions sont répertoriées tous les jours et la sécurité est loin d’être restauréee. Dans ce contexte, il est difficile de comprendre à quel titre le Gabon considère qu’on peut parler d’un retour à la paix et la stabilité.
Cette décision est d’autant plus surprenante que le Gabon a historiquement été un des acteurs principaux du règlement des conflits centrafricains. De plus, il a une place déterminante dans le dispositif de la MINUSCA car ses troupes font partie de la force de réaction rapide et constituent un bataillon de réserves essentiel à la protection des populations.
Le retrait des troupes gabonaises constituent donc un gros manque à gagner et on ne peut douter qu’il existe certainement des raisons officieuses controversées.
Une des raisons officieuse avancées : l’implication dans des affaires d’abus sexuels
Un scandale avait éclaté et fait l’objet d’une enquête par l’ONU sur des accusations d’abus sexuels contre 41 casques bleus déployés en Centrafrique. Parmi les présumés auteurs, 16 gabonais.
Suite à l’enquête de la communauté internationale, les autorités gabonaises avaient été saisies afin de donner les suite judiciaires appropriées.
A notre connaissance, aucune procédure n’est en cours au Gabon.
D’aucuns avancent, que ce serait là la vraie raison de la fin de l’implication du Gabon dans la MINUSCA.