Faute d'alternative et pour des raisons de survie, de nombreuses personnes vivant sur le territoire de la République centrafricaine (RCA), pas forcément des Centrafricains, surexploitent la nature, les bois et la faune notamment, a constaté un journaliste de Xinhua jeudi.
Il suffit de voir les cargaisons de bois de chauffe, de charbon et de gibier qui entrent presque tous les jours dans la capitale centrafricaine Bangui dans des fourgonnettes ou des camions. En empruntant les voies menant vers les villes centrafricaines de l'intérieur, par exemple Sibut (centre nord), on constate également que de nombreux tas ou paquets de bois de chauffe et sacs de charbon sont proposés à la vente.
Sibut particulièrement semble être une plaque tournante du gibier provenant de localités voisines telles que Bogangolo, Marali, Bouca (nord). Le point de chute et de vente principal de gibier est le marché du Kilomètre 12 (Pk12), à la sortie nord de Bangui. Tout comme le bois de chauffe et le charbon, le commerce du gibier n'émeut personne.
Suite à une rude sécheresse en 1983 ayant asséché certains cours d'eau et anéanti certaines espèces animales et végétales, le gouvernement centrafricain a institué la Journée nationale de l'arbre (JNA) célébrée le dernier samedi du mois de juillet. L'objectif: sensibiliser l'opinion publique à la nécessité de préserver l'arbre et inculquer dans les esprits la culture de la plantation de tecks. Seulement, cette journée ne revêt qu'un caractère festif.
Les aires servant généralement à la cérémonie de plantation engloutissent souvent un financement faramineux, couvrant les missions préparatoires, l'aménagement de l'espace, la mobilisation de groupes de danse, l'impression de maillots, casquettes et affiches, le carburant ou encore la location d'automobiles.
Après les cérémonies annuelles, plus personne ne revient sur ces aires pour le suivi des jeunes plants, les exposants à la broussaille et aux feux de brousse.
En dépit du Code forestier de 2008 réglementant le secteur, la coupe d'arbress est anarchique dans le sud-ouest du pays et ce bois sert soit de source d'énergie dans les cuisines, soit de matériau de construction. Les multiples patrouilles des agents forestiers pour contrer ces pratiques ne sont pas concluantes, à cause de l'immixtion de certains dignitaires, parlementaires ou officiers.
Hormis les zones dites banales, dans lesquelles les activités de chasse sont autorisées à tout moment, les parcs nationaux et réserves naturelles sont les domaines de prédilections des braconniers, lesquels contribuent à décimer les espèces de faune rares depuis 30 ou 40 ans. C'est d'ailleurs de ces endroits que proviennent d'importantes quantités de viandes boucanées issues de la grande chasse.
Depuis le déclenchement de la rébellion de la Séléka en décembre 2012, l'Etat peine à reprendre le contrôle de l'ensemble du territoire. Treize préfectures sur seize sont sous le contrôle des groupes armés, lesquels se contentent d'une exploitation à outrance et anarchique des ressources naturelles.
Lors de la 72e session de l'Assemblée générale de Nations Unies à New York en septembre dernier, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, conscient que "les groupes armés ont conservé leur capacité de nuisance et procèdent par-dessus à la prédation autour des zones minières, des couloirs de transhumance et des barrières illégales", a plaidé pour la levée de l'embargo et le déploiement des FACA, dont la mission première est la défense du territoire nationale.