Réçus en audience le lundi 26 mars dernier par le ministre de la Sécurité publique, les cinq représentants des policiers auxiliaires, après consultation de leur base, rejettent en bloc la proposition de leur chef et maintiennent leur menace de rentrer en grève illimitée contre leur non-intégration dans la fonction publique centrafricaine.
Habitués aux arguments quasi mécaniques des différents ministres de l’Intérieur du gouvernement successif depuis 2003, les auxiliaires de la police nationale, pourtant ils constituent une force d’appui non négligeable pour la police nationale en Centrafrique, ne peuvent plus supporter l’état dans lequel ils sont actuellement embourbés, et ils comptent le faire savoir pour la énième fois par une décision, quasi unanime de la base, de rentrer en grève illimitée si rien n’a été fait d’ici là.
Mis au parfum de la situation, le ministre de la Sécurité publique, le général Henri Wanzet Linguissara, a rencontré le lundi dernier les cinq représentants de ces policiers auxiliaires, mais les choses semblent être compliquées pour le ministre de résoudre cette situation par une simple décision unilatérale.
Contacté par CNC, l’un des policiers auxiliaires nous a confirmé que c’est depuis 2003 qu’il travaille comme auxiliaire de la police nationale, et ils sont nombreux dans cette situation alarmante.
Rappelons qu’environ 800 policiers auxiliaires travaillent à ce jour dans les différents services de la police centrafricaine.
Dans les 8 arrondissements que compte la capitale centrafricaine, on y trouve plus des auxiliaires que des vrais policiers à – proprement parler. Les mêmes cas se répètent à la FICU, dans les 6 postes de police de l’OCRB de Bangui et la CNS…
Cependant, ce qui est étrange dans toute cette situation, les autorités du pays continuent de recruter des agents de la police sans même se soucier de ces auxiliaires sous leurs pieds depuis plus de 14 ans.
Selon une source proche de la sécurité publique, plusieurs dizaines des auxiliaires ont été blessés ou tués dans les 5 dernières années dans le pays dans l’exercice de leur fonction, sans compter les autres qui se sont séparés de leurs familles à cause du manque de liquidité ou d’un salaire fixe pour les nourrir.
En 2003 après la prise du pouvoir du général François Bozizé, une centaine des jeunes ont été recrutés comme auxiliaires de police pour appuyer les forces de l’ordre en sous effectif à cette époque. Avec une promesse d’intégration à la clef, ces jeunes travaillent sans relâche plus que certains policiers qu’on a vus dans le pays. Malheureusement, cela perdure 10 ans après, et beaucoup d’entre eux ne sont pas intégrés dans la fonction publique.
La grève, prevue après l’anniversaire du pouvoir du Président Touadera, risquerait de fragiliser totalement l’appareil sécuritaire du pays.
Dossier à suivre.
Anselme Mbata, CNC.