Après les 3G+ disponible en République centrafricaine en matière d’offre Internet, le pays vient de lancer un géant projet de fibre optique – le projet CAB. C’est le président Faustin Archange Touadera qui a personnellement présidé la cérémonie du lancement officiel ce mercredi 28 mars 2018, alors qu’il était entouré de son Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji et du Président de l’Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua, ainsi que des partenaires dont Mme Samulla Isopi de l’Union européenne et, Didier Simplice Koyaweda, Chargé des TCI-CFFO de la Banque africaine de développement (BAD).
Désenclavement numérique ! C’est de cela qu’il a été principalement question dans la mise en route de ce géant projet de fibre optique. Le Président Touadera qui semble visiblement en campagne de l’An 2 compte le lancement de ce projet datant de 2015 au nombre de ses acquis, tout en se réjouissant le premier : « Je voudrais remercier nos partenaires, l’Union européenne et la Banque africaine de développement qui nous ont fait confiance en finançant cet important projet, car notre pays est enclavé. Voici un moyen de le désenclaver. J’instruis le Ministre des Postes et télécommunication de veiller à ce que ce projet puisse aboutir dans les délais ».
En effet, le projet qui est exécuté pour la période 2018-2021 prévoit, selon le Représentant de la BAD, l’installation de 1000 km de fibre optique permettant à la RCA de s’interconnecter au Cameroun et au Congo-Brazzaville ; la mise en place d’un Centre national de données ‘’Data-Center’’ couplé aux plateformes d’administration électronique ; l’opérationnalisation d’une vingtaine de Centres communautaires numériques le long des axes retenus ; la mise en place d’un Centre de formation digitale et ; enfin, l’installation d’un incubateur d’entreprises au sein de l’Université de Bangui. Il intègre également un important volet d’appui technique aux principales parties prenantes nationales.
En plus du désenclavement numérique de la RCA, le projet devait véritablement aider le pays à entrer dans l’économie digitale et booster la croissance en favorisant, notamment une augmentation substantielle des recettes fiscales de 10,2% en 2017 à 15% en 2021 ; une amélioration de la qualité des services et ; une réduction des transactions économiques par la pénétration des services d’Internet qui devait atteindre au moins 20% de la population centrafricaine en 2021.
Il s’agit d’un projet prévu pour être opérationnel avant 2021 pour un coût total de 33,28 millions d’euros dont un montant d’environ 16,28 millions d’euros financé par la BAD et d’un cofinancement de l’Union européenne d’un montant d’environ 17 millions d’euros. Il intervient en complément aux composantes du Cameroun et du Congo du même projet CAB financé toujours par la BAD et s’inscrit dans la continuité du projet Dorsale transsaharienne à fibre optique dont la première phase permettra d’interconnecter le Niger, le Tchad, l’Algérie et le Nigeria.
Evidemment, sur le plan de l’offre Internet en particulier et du désenclavement numérique en général, le besoin est énorme. Le Ministre des Postes et télécommunications, Justin Gourna Zacko a bien relevé cela. « Au cours des deux dernières années, les services des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication a connu une légère amélioration. On note l’amélioration de la qualité des services de la téléphonie mobile grâce à l’introduction des 3G+ en République centrafricaine, mais le coût de communication reste relativement élevé par rapport au pouvoir d’achat de la population. La téléphonie fixe n’a pas évolué, bien au contraire, elle a régressée, tandis que la couverture nationale en téléphonie mobile stagne à 40%. L’infrastructure large bande est quasi inexistante », ainsi a-t-il dressé le table peu reluisant de l’offre Internet dans le pays.
L’introduction de la fibre optique en République centrafricaine revêt d’énormes opportunités. L’Ambassadrice de l’Union européenne en RCA, Mme Samuella Isopi qualifie le projet de « structurant, innovant, très concret et à la fois très symbolique qui vise à changer le visage et le positionnement du pays à travers son désenclavement numérique, son intégration et celle de tous les centrafricains dans la communauté régionale et globale ». Elle a rappelé que l’agenda d’intégration des pays africains et de la sous-région a été depuis toujours a cœur de la stratégie d’intégration de l’Union européenne qui, à travers la Facilité d’investissement pour l’Afrique, accorde une priorité particulière aux intégrations entre les Nations et régionales. Occasion pour l’Ambassadrice d’annoncer très fièrement le prochain lancement de projet d’« accessibilité rurale », à travers l’installation des ponts métalliques financés sur le Fonds fiduciaire Bêkou.