Le président centrafricain s’insurge contre des bandits ayant pris la population en otage et invite ses compatriotes à la retenue.
Bangui renoue progressivement avec le calme au lendemain des folles journées de lundi, mardi et mercredi qui ont été marquées par des échanges de tirs entre forces onusiennes, forces de sécurité intérieures et groupes d’autodéfense.
L’opération «Sukula» (neutraliser, en langue locale sango) lancée dimanche dernier par les casques bleus dans le but de désarmer les criminels ayant pris en otage les habitants du quartier musulman de Pk5 a plutôt viré à l’affrontement.
Selon un dernier bilan avancé par les médias locaux, 30 morts dont un casque bleu rwandais, des dizaines de blessés et des centaines de déplacés ont été enregistrés. Comme pour crier leur amertume, des manifestants en provenance du PK 5 ont déposé mercredi dix-sept corps devant le Quartier général de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA).
En provinces où des tensions étaient également signalées, le calme reprend progressivement droit de cité. Une situation qui a affecté le trafic aérien dans les villes de Ndélé, Birao et Bria à l’Est du pays contrôlée par le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) par Nourredine Adam.
Face à la gravité de la situation dans la zone, Jean-Pierre Lacroix et Smaïl Chergui, en séjour dans le pays, ont dû annuler le visite à Bria. Le patron des Casques bleus et le commissaire Paix et Sécurité de l'Union africaine (UA) en ont profité pour échanger avec le président centrafricain sur ces malheureux événements. Au cours d’une conférence de presse donnée au sortir de cette rencontre, Faustin-Archange Touadéra a dénoncé «des groupes de bandits qui prennent la population en otage».
Avant d’appeler ses compatriotes au calme, à la réconciliation et à plus de patriotisme. Du côté des hôtes de Bangui, c’est un discours de fermeté qui est tenu à l’endroit des hors-la-loi. «S'il y a encore des poches ou des criminels qui tiennent en otage les populations, je crois qu'il est tout à fait naturel que la loi puisse maintenant prévaloir», a prévenu Smaïl Chergui. Les diplomates onusien et panafricain ont réaffirmé leur détermination à mener l’opération de nettoyage jusqu’au bout.
Accusée dans un tract en circulation dans les rues de la capitale centrafricaine de soutenir «Force», un chef de gang réputé, l’ambassade de France en République centrafricaine a tenu à démentir dans un communiqué ces allégations.
«L’ambassade de France dément formellement tout soutien à l’auteur de ce tract irresponsable et, plus largement, aux groupes armés qui entravent le retour de l’ordre public et entretiennent les violences contre les populations civiles», écrit la représentation diplomatique.