Après une journée de violents combats mardi, un calme précaire est revenu une Batangafo, une ville du nord centrafricain reprise par les ex-rebelles de la Séléka qui accusent la force française Sangaris et la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) d'avoir aidé les miliciens anti-Balakas à les attaquer, selon un porte-parole.
"La tension a baissé. Les Sangaris sont partis et la MISCA également. Ces forces ont quitté volontairement la ville pour la laisser aux anti-Balakas qui y ont été délogés par nos éléments depuis hier mercredi) soir", a déclaré le colonel Djouma Narkoyo, porte-parole joint jeudi soir par Xinhua à Bambari (centre) qui abrite désormais le commandement opérationnel de l'ex-rébellion.
Chassés à leur tour en janvier, avec la démission forcée comme président par intérim de leur leader Michel Djotodia sous la pression des dirigeants d'Afrique centrale et de la France, du pouvoir qu'ils avaient conquis en mars 2013 contre le régime de François Bozizé, les ex-Séléka ont conclu le 23 juillet à Brazzaville (Congo) un accord de cessez-le-feu avec leurs adversaires, les miliciens anti-Balakas.
Depuis cet événement censé mettre un terme aux violences qui secouent la République centrafricaine (RCA) depuis fin 2012, les anciens hommes forts de Bangui, qui maintiennent un noyau de leur hiérarchie militaire dans la capitale accusée de peu de contacts avec les troupes sur le terrain, déclarent avoir subi cinq attaques de leurs adversaires, connus comme étant fidèles à Bozizé.
Selon le colonel Narkoyo, l'attaque de Batangafo mardi "s'est produite en deux phases. La première phase a eu lieu du matin à 11 heures (locales, 10 h GMT) et la seconde phase, de 15 h à 18 h (14 h à 17 h GMT). Les forces congolaises (de la MISCA) ont emmené les anti-Balakas à 5 km de l'entrée de la ville ma veille et ces anti-Balakas ont attaqué notre position".
Des accrochages ont aussi opposé les combattants de l'ex-rébellion à l'armée française. "Les Sangaris ont utilisé tous les moyens pour nous bombarder. Ils ont opéré à l'aide de deux Mirage (avions de combats) et de deux hélicoptères", rapporte l'ex-gendarme de deuxième classe des Forces armées centrafricaines (FACA).
Son bilan fait état de 15 morts dans les rangs de l'ex-coalition rebelle et un nombre indéterminé de blessé, puis deux véhicules de transport de troupes comme dégâts matériels. Alors que deux morts sont aussi déclarés parmi le contingent congolais (Congo-Kinshasa) de la MISCA, "pour les anti-Balakas, je ne connais pas le bilan. Sinon, il y a eu beaucoup de victimes de leur côté", à en croire-t-il.
Cette reprise des affrontements survient tandis que la RCA cherche à se doter d'un nouveau Premier ministre pour un nouveau gouvernement d'union nationale auquel seront encore une fois associés les ex-Séléka et les anti-Balakas comme dans le précédent d'André Nzapayéké, démissionnaire depuis mardi en application de l'accord de Brazzaville après cinq mois d'activités.
Les deux camps ont pris jeudi aux consultations entamées à ce propos la veille à Bangui par la présidente de transition, Catherine Samba-Panza.