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Centrafrique : Le compte à rebours en provinces…
Publié le mercredi 18 avril 2018  |  Corbeau News
Faustin
© Autre presse TV par DR
Faustin Archange Touadéra, président de la République.
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La frappe des forces de défense et de sécurité au Km5 reste à jamais, le déclencheur principal des agitations de la Seleka en provinces. Ndélé, Kaga Bandoro, Bria, Bambari, Sido… en branle. Touadera tiendra-t-il le coup ? La crise centrafricaine semble arrivée à un tournant décisif. Une tentative décisive des autorités et du peuple d’aller vers la résolution véritable de la crise porte quelques fruits plus ou moins encourageants qui s’observent, ces derniers temps, à tous les niveaux. En attendant, quoique l’on dise, la paix et la sécurité restent la priorité des priorités des dirigeants et une préoccupation fondamentale voire vitale pour le peuple. Touadera semble prendre la mesure de l’enjeu, à en croire ses dernières interventions, plus précisément dans son discours de l’an2.

« Bientôt, la crise sera derrière nous. Car rien ne peut arrêter la marche d’un peuple épris de paix, de démocratie, de justice et de développement », a affirmé le Chef e l’Etat qui hausse le ton : « Ceux qui refusent aujourd’hui d’avancer avec nous sur le chemin de la paix et la réconciliation nationale récolteront les fruits de leur hypocrisie et de leur dévoiement. Ceux qui se livrent aux crimes sur les paisibles populations ou qui attisent le feu, répondront tôt ou tard de leurs actes devant la justice, tant nationale qu’internationale, quand la main tendue sera retirée, et elle sera bientôt retirée ». Sur un ton optimiste, Touadera lance « Oui, la crise ne doit pas accompagner et compromettre l’avenir de toute une génération de Centrafricains. Il est temps qu’elle s’arrête. Les jeunes, les femmes ont besoin de vivre dans un pays apaisé, propice à leur épanouissement ». La fermeté y était au point que le Président n’a laissé aucune place aux fauteurs de troubles et seigneurs de guerre que Touadera s’est positionné.

Evidemment, beaucoup sont des Centrafricains qui attendaient depuis le 30 mars 2016, le Président de la République sur ce terrain de fermeté à l’égard des racailles transfrontalières qui se font gentiment appeler « groupes armés » dans le pays. Mais, Touadera, sagesse aidant, a bien voulu camper sur sa ligne directive de « dialogue ». Dialoguer avec ces soi-disant groupes armés, même les plus irréductibles, afin qu’ils reviennent à la raison et déposer les armes pour faciliter le retour à la paix et à la stabilité. Tendant en vain la main, il opte pour un changement de paradigme et d’approches. La force. La coopération militaire avec la Russie dont le Président est attendu à Bangui, participerait bien de ce nouvel élan.

C’est ainsi que Touadera a autorisé la Minusca à lancer l’opération de désarmement forcé du Km5, afin de démanteler les réseaux criminels de la localité et libérer les populations prises en otage. Le 8 avril 2018, une première opération a été lancée avec la Minusca au premier plan appuyée par les forces de sécurité intérieures en seconde position. Le rapport de cette opération a été mitigé, puisque beaucoup ont parlé d’échec, d’ailleurs la principale cible de cette opération, le criminel chef d’auto-défense, Nemery Matar Djamous alias ‘’force’’ a chanté victoire, ses éléments ont érigé des barricades, immédiatement après le retrait de la Minusca et des FSI.

Touadera ne lâche pas. Deux jours plus tard, il lance une seconde opération en solo avec ses hommes, Forces armées centrafricaines (FACA) et FSI. La présence des instructeurs Russes a même été signalée. Cette deuxième opération forte d’intensité a pu, tant bien que mal, anéantir les fauteurs de troubles, puisqu’aucun chantage n’est enregistré après sur les réseaux sociaux comme en a-t-il été le cas pour la première opération. Au contraire beaucoup sont ceux des Centrafricains y compris du Km5 qui ont salué l’opération. Le commun des mortels centrafricains croient fermement que les extrémistes qui massacrent, terrorisent, pillent, brûlent à l’intérieur du pays tiennent leur souffle criminelle au Km5 à Bangui qui centralise et dispache les énergies de la mort avec toutes les complicités qui vont avec.

Le calme arraché par Touadera au Km5 n’est pas la seule victoire. Dans le feuilleton Km5, la pression mise par l’opération ‘’Soukoula Km5’’ a forcé le chef d’auto-défense ‘’force’’ à avouer que leur soutien principal est bel et bien l’ancienne métropole, la France. D’ailleurs, le drapeau tricolore qui flottait depuis lors sur la base de ‘’force’’ a été, à la faveur de cette opération, mis à découvert. Et comme par enchantement, les extrémistes qui manipulent les pauvres mineurs innocents du Km5 ont fait brandir le drapeau français partout dans le quartier suite à la frappe des FACA. Ceci, en dépit du fait que l’ambassade de France à Bangui ait publié, un jour après, un communiqué pour dénoncer l’aveu de ‘’force’’ quant au soutien de la France aux réseaux criminels de Km5.

A cela, faut-il ajouter que la seule frappe de Touadera du 10 avril 2018, a mis les pieds de la Minusca dans la fourmilière. Le réseau illicite installé par les hommes de main du gabonais Parfait Onanga Anyanga pour l’approvisionnement des criminels du Km5 en armements a été totalement brouillé. Ne sachant plus comment rétablir le pont avec le Km5, la Minusca a tenté d’utiliser, à son corps défendant, le pauvre adjudant Hugues Mandoukou du contingent gabonais – le pauvre père de foyer qui n’a pu réussir sa délicate mission et tombé dans les mailles des FSI désormais très regardantes sur instructions personnelles de Touadera. Une honte pour la Minusca et un coup fatal porté à l’image de l’Onu ; mais une avancée très significative pour les autorités et le peuple centrafricains dans le processus du désarmement et la pacification du Km5.

Cet élan décidément irréversible de la RCA vers un début de sécurité véritable ne semble pas faire l’affaire de tous. Déjà le rappel de l’ambassadeur de la France le mois passé cache mal la frustration de l’ancienne métropole de voir la Russie déployer hommes et armements en Centrafrique. En plus, si les manœuvres de la France au Km5 ont été exhibées par les extrémistes eux-mêmes à la faveur de la frappe opérée par Touadera dans cette enclave musulmane de Bangui, cela n’est pas de nature à mettre à l’abri la diplomatie centrafricaine. Soulignons dans la foulée des événements du Km5, des journalistes français dépêchés en RCA ont été rappelés en catastrophe. Fort de ce qui précède, l’on pourrait s’inquiéter de ce qui se trame à l’intérieur du pays.

A Bocaranga, Sidiki vient juste, à en croire des sources concordantes, d’acquérir de nouveaux véhicules pick-up 4X4, sur lesquels ses hommes seraient, depuis le week-end dernier, en train d’installer des armements lourds. Au même moment, le seigneur de guerre nigérien de l’aile séléka de l’UPC Ali Darass aurait effectué une descente insolite à Bambari ville dans laquelle il a été déclaré non grata par la Minusca. A Bria, c’est l’autre criminel de la séléka Abdoulaye Hissen qui défie l’Etat et la Minusca en prenant en otage des paisibles populations, y compris des autorités locales. 12 personnes dont le maire de la commune de Yalinga ont été prises en otage.

Pas plus tard que dimanche 15 avril dernier, c’est au tour de Kaga Bandoro de tomber en psychose. Apprend-on qu’une vingtaine de véhicules pick-up BG75 flambants neufs en provenance de Ndélé est arrivée dans la ville et 80 motos encadrées de trois véhicules sont arrivées de Sido, ainsi que d’hommes et armements. La même source précise que l’irréductible chef de guerre Nourredine Adam serait en route, via le Soudan, pour rejoindre Mahamat Alkatim du MPC et Abdoulaye Hissen lui déjà arrivé à Kaga Bandoro pour une probable descente sur Bangui. En tout cas quelque chose se trame, soit la parturition ou un coup d’Etat.

La question c’est de savoir qui soutient tous ces mouvements à l’intérieur du pays ? Sur le plan des ressources, l’on pourrait oser dire que ces envahisseurs d’extrémistes pourraient se financer sur les biens mal acquis de pillage et rackets sur les populations, ainsi des ressources d’exploitation illégale des ressources minières du pays. Mais toutefois, l’on reste sur sa soif, puisqu’au-delà tout, il faut une assurance de leur part de ne pas voir les FACA, les Russes ou la Minusca en face d’eux au cas où ils tenteraient une quelconque entreprise militaire.

Touadera qui n’a encore dit mot sur ces agitations en provinces mesure-t-il déjà ces paramètres ? Vraiment de quoi s’inquiéter, car le peuple n’attend pas de son Président une victoire à la Pyrrhus dans sa brillante opération de Km5. Que Touadera ne se laisser pas craquer sous le poids de ces manœuvres visiblement supranationales. Peut-être l’arrivée du Président Russe, Vladimir Poutine annoncée pour ce fin avril devrait être mise à contribution comme soutien du peuple face à ce qui s’apparente désormais à un complot transfrontalier. Les agissements de la séléka en provinces doivent être sérieusement suivis par les autorités centrafricaines. Personne ne sait encore si l’on peut compter avec la Minusca qui a été surprise main dans le sac en train de fournir des armes aux tueurs du peuple centrafricain.
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