Centrafrique : Il ne faut pas oublier Bria

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Publié le mardi 8 mai 2018 | RJDH Centrafrique

© RFI par DR
RCA: Bria

Bria — Environ 45 000 personnes vivant sur le site des déplacés de Pk3 de Bria ont besoin d’assistance. Beaucoup sont inquiètes à l’approche de la saison pluvieuse et des projets arrivés à terme (ECHO, Fonds Humanitaire, Ambassade de France,) jusque-là mis en œuvre par l’ONG Oxfam. Inquiétude exprimée dans un reportage du RJDH dans la localité par les déplacés et l’ONG Oxfam.

La crise sécuritaire a encore un impact visible sur les communautés vivant à Bria au Nord-Est du pays. Les chiffres avancés par les organisations humanitaires sont évocateurs ; environ 45 000 personnes vivent sur le site des déplacés de Pk 3. Les habitations détruites, le contexte sécuritaire ne prête pas à un retour des déplacés. La pacification de la région demeure un défi majeur. C’est dans ce contexte que les déplacés continuent d’appeler à l’aide humanitaire considérée comme une réponse appropriée avant l’amélioration des conditions sécuritaires susceptibles de faciliter leur retour chez eux. L’appel devient pressant dans un contexte où la communauté humanitaire table, elle aussi, sur le financement du plan de réponse humanitaire.

Face à ces défis multiples, Oxfam poursuit son assistance à travers le premier pilier de son intervention dans la région à savoir : l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans plusieurs sites que compte la localité de Bria. L’eau, premier besoin prioritaire des déplacés et personnes vulnérables à double enjeu. Sa qualité permet de réduire sensiblement les maladies des mains sales notamment celles diarrhéiques et de prévenir le choléra, mais aussi le système d’approvisionnement en eau. Leader du secteur WASH dans la zone, Oxfam assure l’approvisionnement en eau du site par Water Trucking (transport d’eau par camion) depuis la rivière Samba d’où l’eau est prélevée et traitée avant d’être distribuée comme nous l’indique Mme Eya Madeleine Kantiono, officier en promotion de l’hygiène et de santé publique «l’eau que nous collectons est traitée à deux étapes. Premièrement, sur la station de pompage et de traitement, l’eau est traitée, c’est la floculation-décantation qui est faite à base de sulfate d’alumine et l’eau débarrassée de toutes les impuretés est transportée par camion (water truking), où il est traité avec du chlore avant d’être distribuée aux populations » a-t-elle dit.

Tout le traitement fini, c’est la phase de distribution, les déplacés à travers les comités WASH (eau, hygiène et assainissement) mis en place sur le site veillent à l’assistance adéquate dudit service et au respect des règles d’hygiène comme le témoignent les bénéficiaires. «Nous avons de l’eau ici grâce à Oxfam, l’organisation du comité est telle que nous, personnes âgées, nous avons aussi l’opportunité d’avoir de l’eau au même titre que les personnes valides » a témoigné une septuagénaire venue chercher de l’eau mise à disposition.

Mais si les déplacés se félicitent d’ores et déjà de l’assistance en eau potable, il n’en demeure pas moins que le risque de choléra soit éloigné. Pour cela, Oxfam mène une action de prévention communautaire dans une approche participative à travers les comités Wash qui supervisent l’entretien des latrines et l’assainissement de l’environnement. Les fosses à ordures sont très vite devenues un monticule de quelques mètres de haut, constitué de déchets solides. Une situation critiquée par un des membres des comités Wash du site. «Ici Oxfam met à notre disposition des latrines, mais nous déplorons encore la gestion des déchets solides qui ne favorise pas un environnement meilleur» a décrié l’agent d’hygiène communautaire.

Inquiétude certes, mais au niveau de l’ONG des dispositions pertinentes sont prises dans le cadre du projet avec l’Ambassade de France et du fonds humanitaire pour gérer les déchets ordinaires. «Vu la production journalière des déchets ordinaires qui est très élevée, on ne peut pas les gérer. C’est ainsi qu’on a demandé le financement du fonds humanitaire et de l’Ambassade de France pour construire des décharges hors site. C’est dans ce sens qu’on leur a donné en amont des charrettes et des brouettes pour qu’ils évacuent les immondices du site vers les décharges » a insisté la responsable de la promotion de l’hygiène

Plusieurs déplacés ont témoigné au RJDH leur adhésion à ce projet consistant à rendre leur environnement propre. Malgré le soleil cuisant, les comités mis en place passent de bloc en bloc pour sensibiliser les ménages sur les mesures d’hygiène sous la supervision des équipes Wash d’OXFAM.

Une réponse aux limites de water trucking

Tant est si vrai que le travail abattu jusque-là montre des insuffisances, Oxfam n’entend pas rester là. Une de solution est en cours de réalisation et est estimée à 50% selon le constat du RJDH. C’est la mise en réseau du système d’eau perçu comme efficace et fluide en fonction de la demande. «L’option que nous avons maintenant c’est de tirer l’eau directement de la rivière On la stocke dans des réservoirs dont certains pour le traitement et d’autres pour la distribution. C’est un réseau d’eau gravitaire financé par le Fonds Humanitaire, ECHO et l’Ambassade de France» a-t-elle ajouté.

Mais si la volonté de cette ONG est celle d’apporter une réponse structurelle aux besoins primaires des déplacés, elle risque cependant de se heurter à des difficultés. Les indicateurs ne sont pas au vert car les projets sont soit finis pour les uns ou tendent vers la fin pour les autres. Une situation jugée catastrophique par le président des déplacés du site de PK3 de Bria qui lance un SOS.

Jean Jacques ANDJINGBANDJI, plaide pour plus d’action d’OXFAM « notre situation est déjà précaire ; si Oxfam se retire ce sera grave pour nous. C’est pourquoi nous lançons un appel aux bailleurs de Fonds et partenaires de ne pas nous oublier » a-t-il lancé.

Bria, une crise profonde avec ses déplacés qui constituent le lot important des besoins d’assistance humanitaire dans un contexte sécuritaire encore fragile mérite bien l’attention de la communauté internationale et du gouvernement.