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Centrafrique : une violence qui n’en finit pas

Publié le lundi 21 mai 2018  |  Corbeau News
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© AFP par PACOME PABANDJI
Un membre de l`ancienne rébellion Seleka pose avec son arme à Bambari, en mai 2015.
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AUX MARTYRS DE BAMBARI


SOUS LE FEU D’ALI DARASSA ET DE SES MERCENAIRES

Bambari n’en finit pas d’enterrer ses morts, victimes de la barbarie d’Ali Darassa et de sa bande de rufians. Par centaines, les habitants ont quitté leur ville, autrefois si paisible, pour prendre le chemin de l’exil.

Après avoir ravagé la capitale, qui vient de subir les assauts barbares d’un groupe de mafieux déguisés en groupes d’auto-défense, le cycle de la violence ne cesse de s’étendre en Centrafrique. A telle enseigne que les puissances occidentales impliquées tirent la sonnette d’alarme. La France, inquiète de l’intrusion des Russes et de la montée des périls, semble revenir en force. Deux de ses avions de chasse Mirage 2000 ont récemment survolé Kaga-Bandoro pour montrer les muscles aux ex-Sélékas réunis en conclave, histoire de les avertir et de les mettre en garde contre tout coup de force sur Bangui.

Visiblement, les puissances étrangères sont en train de développer une stratégie pour contraindre les rebelles à déposer les armes et à rejoindre la table des négociations. Après avoir longtemps tergiversé sur leur engagement contre les bandes armées – ce qui a entraîné une aggravation de l’insécurité et des massacres de populations – les grandes puissances engagées dans l’insondable crise centrafricaine semblent, enfin, passer à l’action.

Le massacre perpétré dans l’église Notre-Dame de Fatima, au cours duquel un prêtre a été supplicié, a sans doute contribué à motiver un changement de tactique de la part des grandes puissances, qui s’apprêtent, désormais, à intervenir vigoureusement.



LA MINUSCA ACCUSÉE DE COLLUSION AVEC LES EX-SELEKAS ?



Les Casques Bleus mauritaniens musulmans, basés à Bambari pour protéger les populations, sont fortement soupçonnés par la population de collaborer avec les ex-Sélékas. On les accuse, entre autres, de ventes d’armes aux séditieux et à certains services de logistiques. Si ces accusations gravissimes s’avéraient, le gouvernement centrafricain devrait immédiatement demander à l’ONU de rapatrier sur l’heure son contingent mauritanien.

Le soutien de ces Casques Bleus musulmans aux ex-Sélékas qui ont la même religion, confessionnalise la crise centrafricaine, alors qu’elle est avant tout politico-militaire.

Aux dernières nouvelles, des corps joncheraient encore les rues de Bambari. Les massacres aveugles perpétrés par Ali Darassa et ses mercenaires continuent leurs ravages. Au cours des affrontements, trois gendarmes dépositaires de l’ordre public ont été assassinés. Dans les autres provinces occupées par les bandes armées, les violences sont quotidiennes. Rien ne semble freiner la barbarie des séparatistes. En outre, des rumeurs circulent à propos du retour probable d’Ali Darassa et de sa bande dans la ville martyre de Bambari.

Le calvaire des habitants de la capitale de l’Ouaka n’est pas donc pas près de finir. Et la cohorte interminable de ceux qui ont pris le chemin de l’exil ne s’arrêtera pas de sitôt.



UNE VIOLENCE QUI REDOUBLE A BANGUI

Les affrontements du KM5 ont sonné le tocsin du retour des violences dans la capitale. C’était prévisible. Nous n’avons cessé de mettre en garde ici contre le danger potentiel de déstabilisation que représentaient les voyous du KM5. Le gouvernement aurait dû agir prestement pour arrêter les chefs des brigands. On n’en serait pas là aujourd’hui.

Comment sécuriser maintenant le KM5 après tout ce qui s’est passé ? Les commerçants, que les bandits rackettaient alors qu’ils prétendaient les défendre, demandent instamment à l’État de mettre fin à leurs nuisances. Ils n’en peuvent plus de cette violence qui peut surgir à tout moment.

D’autres quartiers de la capitale sont sous la menace des agents de l’ex- Séléka, qui se sont infiltrés dans la population. Ils n’attendent que le signal de leurs chefs pour provoquer des troubles, afin de déstabiliser le pays en terrorisant les habitants. Le spectre infernal de la violence n’est pas près de disparaitre. L’enfer au quotidien risque d’aller crescendo.

C’est ainsi qu’on apprend qu’à la nuit tombée, des barricades surgissent dans des quartiers de la capitale. Les habitants sont contrôlés et rackettés.

Face au chaos interminable qui perdure depuis cinq ans maintenant, avec son lot de souffrances terribles et les massacres qui déciment la population, on s’interroge sur l’inaction du gouvernement. Dépassé, le pouvoir serait-il en train de brader le pays ou de le céder à des puissances étrangères, qui seraient tentées de négocier directement avec les bandes armées ?

En tout cas, il est clair que la République Centrafricaine est un objet de convoitise qui aiguise les appétits. Occidentaux, Russes, Chinois et autres puissances se disputent ses matières premières, au détriment des Centrafricains qui n’en finissent pas de voir leur pays pillé.

Il faudra le temps qu’il faudra.

Mais la Centrafrique ne sera sauvée que par les Centrafricains eux-mêmes, « tous ensemble », comme aimait à le dire Barthélémy Boganda.

« ALLA GBOU NI NGANGOU, ALLA ZIA NI A TI PEPE !»

(Tenez bon, ne laissez pas tomber !)



JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI
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