L’activation de l’Article 70 de la Constitution de la République centrafricaine est le levier sur lequel veut piper Bertin Bea, député de Boali 1 pour obtenir la destitution du président de l’Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua. Cette démarche implique l’adhésion de 1/3 des députés et Bertin Bea y croit fermement puisqu’à en croire l’argumentaire qu’il a développé lors de la conférence de presse qu’il a animée ce lundi 21 mai à sa résidence à Bangui, les actes posés par Meckassoua sont suffisamment graves pour engager sa destitution.
Fait par fait, Bertin Bea a démontré la haute mafia au sommet du Parlement et la poussée hégémonique du Président Meckassoua de vouloir caporaliser toute l’institution à la cause de son groupe parlementaire ‘’Le chemin de l’espérance’’. Selon Bea, et entre autres griefs, il y a violation flagrante du Règlement intérieur du parlementaire panafricain. Cette instance parlementaire a prévu que lors de ses réunions, les délégations doivent obligatoirement et systématiquement prendre en compte la représentation de l’opposition dans les deux places accordées. « Ce qui n’a pas été le cas pour la dernière réunion du Parlement panafricain ».
Aussi, il y a détournement du budget et des lignes accordés à l’Assemblée nationale. L’orateur a commencé par préciser que détourner ne signifie pas seulement empocher, mais aussi lorsque l’argent donné pour une activité précise ai été utilisé à d’autres fins non indiquées initialement. A en croire Bertin Bea, le PAN brille dans ces pratiques.
La passation des marchés publics de gré à gré. Les marchés à l’Assemblée nationale, selon le député de Boali1 se font depuis peu, sans appel d’offre en violation des règles et procédures en la matière, notamment la Loi n° 08.017 du 6 joui 2008, portant Code du marché public et délégation du service public en République centrafricaine. En effet, s’il y a un marché public qui dépasse le montant d’un million (1 000 000 F.CFA), il faut nécessairement lancer un appel d’offres préalable. Sur la question, Bertin Bea fait observer que c’est uniquement le « frère cadet » du PAN qui est architecte qui réalise les travaux sur fond de marché de gré à gré ; même pas à la limite une offre restreinte de consultation.
Des recrutements anarchiques sur des bases clientélistes au sein de l’Assemblée nationale. Ces pratiques dénoncées par Bertin Bea ont malheureusement, selon lui, des incidences financières sans commune mesure sur la gestion du Parlement. L’orateur explique que le cabinet de Meckassoua est multiplié par trois (X3) ce qui, selon lui, se présente plutôt comme une équipe gouvernementale affichée complète, sachant qu’un Conseiller – Membre du cabinet touche de l’ordre de million de Francs Cfa. Bea va même loin pour indiquer qu’être Membre du cabinet de Meckassoua n’est pas chose facile, puisqu’essentiellement réservé aux députés du groupe parlementaire de Meckassoua, ‘’Le Chemin de l’Espérance’’.
Ensuite, il y a des pressions exercées sur les députés, afin d’obtenir leur engagement au sein du groupe parlementaire ‘’Le Chemin de l’Espérance’’. « Il suffit de faire un tour dans le couloir de l’Assemblée nationale pour découvrir que ceux qui ont été nommés sont prêts à corrompre les gens à prendre la carte du groupe parlementaire ‘’Le Chemin de l’Espérance’’. Certains députés de notre formation politique, le KNK ont été approchés par ces gens, d’autres ont pu résister ; mais d’autres ont mordu à l’hameçon », a fait savoir Bertin Bea qui rappelle que Meckassoua n’a pas commencé aujourd’hui à acheter ou tenter d’acheter les députés, puisqu’il a été même élu au perchoir grâce à sa fausse promesse des véhicules pick-up BG-80 qui devraient être donnés à tous les députés, mais qui n’arrivent toujours pas encore depuis deux ans.
Avant de terminer la liste des maux, Bertin Bea évoque l’octroi des missions parlementaires à l’étranger sur les bases clientélistes. « Lorsque vous n’êtes pas dans les bonnes grâces du président Karim Meckassoua, vous ne pouvez nullement prétendre à effectuer des missions à l’extérieur ou si vous réussissez à l’avoir, c’est que vous avez donné des gages de loyauté et de fidélité vis-à-vis de lui pour pouvoir en bénéficier », a résumé le conférencier qui note que c’est pareil pour l’octroi des crédits.
Le député de Boali 1 fait note également la corruption et l’escroquerie, notamment à travers la promesse faite aux élus de la Nation pour leur dotation en véhicule pick-up de marque TOYOTA Land Cruiser BG-80. Bertin Bea a rappelé que Meckassoua avait réussi à se faire élire au perchoir de l’Assemblée nationale que grâce à ce « mensonge », même s’il avait un parcours politique indéniable. Déplorant le caractère irréaliste et démagogique de cette promesse, puisqu’en réalité un véhicule du genre coûte environ trente millions (30 000 000 F.CFA) et que multiplier par les cent quarante députés (X140) de la 6ème Législature, le calcule est bien clair. Et pour le député de Boali1, c’est du pur mensonge et de la démagogie, mais qui n’honorent en rien le Président d’une institution comme l’Assemblée nationale.
Cependant, d’aucuns croient que la prise de position du débuté de Boali1 cache mal la main du pouvoir en place qui, désormais tient la majorité parlementaire et qui voudrait bien tester cette capacité sur le très controversé président du parlement et son ‘’Chemin de l’Espérance’’.