Dès l'annonce de l'épidémie d'Ebola dans la partie nord-ouest du Congo-Kinshasa, frontalière avec la partie sud de la République centrafricaine (RCA), le gouvernement centrafricain, avec l'appui de ses partenaires, a fait preuve de mobilisation pour contrer ladite épidémie au cas où elle venait à paraître sur le territoire.
La semaine dernière, les autorités ont institué des séances journalières de briefing des membres du gouvernement sur les modes de transmission et de prévention de l'épidémie d'Ebola. Lors de ces séances, le ministre centrafricain de la Santé et de la Population, Pierre Somsé, a expliqué que des communautés des zones forestières ainsi que sept grandes familles de rongeurs sont porteurs du virus sans développer la maladie, jusqu'à ce que leurs anticorps puissent éliminer ledit virus. C'est pourquoi il a annoncé la réactivation de huit points de contrôle naguère établis lors des précédentes alertes, surtout dans une zone forestière située dans le sud-ouest de la RCA, géographiquement proches des villes congolaises incriminées.
Il a aussi fait mention de la formation du personnel de santé, "capable d'identifier des cas suspects ou avérés, de faire des prélèvements, de prendre des mesures idoines, d'alerter les autorités de la santé publique, de se protéger et de protéger les malades".
M. Somsé a, entre autres, rassuré l'opinion publique en affirmant que le gouvernement et ses partenaires, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) notamment avec sa représentante Marie-Constance Razaimanga, travaillent à la maîtrise de la fièvre hémorragique d'Ebola, au cas où elle surviendrait.
Le ministre centrafricain des Transports et de l'Aviation civile, Théodore Jousso, lui, a signalé l'installation à l'aéroport de Bangui d'une caméra thermique destinée à prendre systématiquement la température de tous les passagers débarquant là, insistant sur le fait que toutes les compagnies aériennes qui desservent la capitale centrafricaine Bangui sont informées de ce dispositif pour détecter des cas suspects dus à l'infection du virus d'Ebola.
Il a reconnu que "la mobilité des personnes et des biens, notamment des passagers suspects ou malades et des animaux morts, sont de véritables vecteurs de la propagation de l'épidémie".
Exceptionnellement, l'Institut Pasteur de Bangui a ouvert la semaine dernière son laboratoire de traitement de l'épidémie d'Ebola pour mettre en confiance toutes les personnes vivant en terre centrafricaine de son dispositif de riposte.
En plus de ces dispositifs, le gouvernement a mis un accent particulier sur la sensibilisation des populations longeant le cours de l'Oubangui sur l'absence de cas avéré du virus déjà enregistré dans le pays, le contrôle du mouvement des personnes sur les cours d'eau, la manipulation et/ou la consommation d'animaux sauvages infectés, le lavage des mains, le contact avec des sujets suspects ou malades, etc.
Malgré la grave crise politico-militaire et la présence d'éléments armés dans le sud-est du pays, certains personnels de santé ont repris du service. C'est le cas dans la ville centrafricaine de Mobaye (sud-est), d'après le député de la circonscription Heureux-Maxime Ngarendo qui en est revenu il y a de cela moins d'une semaine. Il en est de même pour la ville de Bangassou (sud-est). Dans certaines contrées où le personnel de santé fait défaut, les ONGs humanitaires prennent le relais.
Avec la crise donc, a fait remarquer une source proche du ministère de la Santé, le plus gros problème serait celui des moyens de transports, notamment aériens, permettant d'évacuer rapidement les cas suspects. A cela pourrait s'ajouter, dans le cadre de la sensibilisation, l'incapacité de la radiodiffusion nationale à couvrir l'ensemble du territoire, se limitant exclusivement à Bangui.