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Centrafrique : PK5, un quartier de Bangui isolé où la loi de Talion est de rigueur.

Publié le lundi 28 mai 2018  |  Corbeau News Centrafrique
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© Autre presse par DR
Un groupe armé "prêt à se battre" avec la Minusca au PK5 à Bangui
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Si la loi de Talion est souvent symbolisée par l’expression « œil pour œil, dent pour dent », au quartier PK5 en majorité musulmane, il n’est pas rare pour les habitants de cette enclave de faire recours presque quotidiennement à cette forme juridique populaire pour régler certains nombres de problèmes. En conséquence, on tire, on tue, on pille, on incendie, on rackette à visage découvert comme si ce petit territoire d’environ 2 kilomètres carrés ne fait pas partie de la RCA. Pourquoi ?

Après le départ précipité des combattants de la coalition Séléka de Bangui en 2014 coïncidé avec la chute du pouvoir de leur Leader Michel Djotodia, certains commandants dudit mouvement préfèrent se replier au quartier PK5 avec leurs éléments lourdement armés.

Très rapidement, ces derniers se sont constitués en groupe d’autodéfense, disaient-ils, pour protéger leur quartier souvent menacé par des miliciens Anti-balaka.

Petit à petit le jour passe, le PK5, connu pour ses activités commerciales intenses, s’isole du reste des autres quartiers de la capitale et les autorités du pays se désengagent de sa mission qui est de protéger la population au profit des différents groupes d’autodéfense du secteur qui n’hésitent plus à appliquer leur propre loi parfois avec une certaine cruauté indescriptible.

Le vendredi dernier, pour une banale affaire, un homme, armé d’un revolver, pénètre dans la concession du maire du secteur pour abattre son fils, malheureusement pour le tireur, ses nombreux tirs n’ont pas atteint sa cible qui, en revanche, réplique avec son arme pour abattre son ennemi à son tour. Ce qui a d’ailleurs soulevé des échanges des tirs entre deux groupes rivaux toute la nuit du vendredi à samedi.

En 2016, moi-même j’étais victime d’un acte barbare au quartier PK5 d’un homme armé d’un couteau et du pistolet, qui descendait d’une moto qui s’arrêtait devant moi. L’homme, apparemment ivre, reculait volontairement sans le savoir pour venir se congner devant ma moto. Pour lui, c’est moi qui l’ai frappé avec ma moto, hors non. L’homme a sorti son pistolet et son couteau pour me poignarder avec alors qu’une patrouille mixte de la police et de la gendarmerie se trouvait juste à côté sans me secourir. Grâce à l’intervention rapide des FACA musulmans du PK5, j’ai eu la vie sauve.

Toujours en 2016, je suis allée voir l’un des journalistes de mon équipe au PK5 vers 12 heures quand j’ai aperçu trois jeunes d’environ 14-15 ans qui se discutent entre eux. Subitement, l’un a sorti une grenade offensive dans sa poche pour menacer les deux autres avec. Comme de rien, je me suis éloignée d’eux très rapidement quelques mètres avant d’entendre la détonation de la grenade qu’il a jetée sur eux. Les deux victimes étaient gravement blessées et évacuées d’urgence à l’hôpital par la croix rouge.

Loin d’être isolés dans ce quartier, des nombreux cas de justice populaire, des rackets et de prise d’otage sont signalés quotidiennement au PK5 qui échappe totalement au contrôle du pouvoir public qui se contente de couper l’électricité et l’eau potable soi-disant pour punir les auteurs des violences dans ce quartier.
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