La croissance en quatre années est de 200% tandis que la capacité du stockage de la Société centrafricaine du stockage des produits pétroliers (SOCASP) n’a bougé d’un iota. Répondre à la forte demande des consommateurs en plus des contraintes naturelles s’affiche un problème à prendre très au sérieux par les autorités centrafricaines et les services techniques compétents.
La loi portant organisation du sous-secteur pétrolier en République Centrafricaine stipule que : « le marché national est approvisionné en produits pétroliers en raison d’au moins 80% par voie fluviale. Les importations par voie routière ne peuvent pas dépasser les 20% des importations d’un Distributeur agréé… ».
En tenant compte de cette directive, l’approvisionnement en Centrafrique se fait par le fleuve. Les produits proviennent de Kinshasa la capitale congolaise pour être stockés au dépôt pétroliers de Kolongo dans la Commune de l’Ombella-M’Poko. En terme de fiscalité le coût du transport fluvial revient nettement moins cher à l’Etat centrafricain que par voie routière.
Le facteur majeur de la crise d’essence enregistrée depuis plus d’une semaine dans la capitale centrafricaine est la contrainte naturelle impactant sur la période de navigabilité du fleuve Oubangui qui va de juin à décembre (six mois). Le niveau du tirant d’eau devant permettre la navigabilité des bateaux est passé ce mois de 1m au lieu de 1,30m. Les bateaux de la SOCATRAF ne peuvent franchir le seuil de Zinga où les eaux sont moins profondes. Ainsi, 80% de la consommation nationale accuse cruellement du retard.
Outre la contrainte naturelle, la capacité du stockage des 15 bacs du dépôt pétrolier de Kolongo est faible quant à la demande. La capacité de stockage du dépôt de Kolongo est présentement en dessous de 50.000 m3 tandis que la consommation nationale a atteint 110.000 m3 en 2017 contre 47.000 m3 en 2013.
La SOCASP et l’ASR ont pris les dispositions nécessaires en portant haut la situation pour trouver un palliatif au problème. En réponse le Gouvernement centrafricain a mis en contribution la SONARA à Limbé au Cameroun afin de combler le vide par la reprise de la compagne routière dans l’attente d’une évolution quant au niveau du tirant d’eau.
Constatant une évolution du niveau des eaux du fleuve Oubangui, la SOCATRAF a anticipé, cette semaine du 11 juin 2018, en engageant plusieurs bateaux à Kinshasa qui ne seront remplis qu’à moitié afin passer sans grande difficulté le seuil Zinga.
Selon les experts, les tentatives de solutions appliquées par les autorités ne seront que de la poudre aux yeux tant que des dispositions nécessaires ne sont pas prises à long terme. Ces dispositions consistent à augmenter la capacité logistique de la SOCASP, le dragage du fleuve Oubangui à hauteur de Zinga pour prolonger de deux mois (6 à 8 mois) la durée de la compagne fluviale et de rechercher les financements de bitumage du tronçon Impfondo-Bangui pour approvisionner la Centrafrique en hydrocarbure tout le long de l’année du fait que le Tchad ait fermé ses frontières avec la RCA depuis 2014.
La crise d’essence se jugule progressivement à Bangui. La consigne a été donnée au niveau des stations services de ne servir que des engins roulants. L’applicabilité de cette consigne explique la longue queue des bidons encore perceptible devant certaines stations de la capitale.