Souvenez-vous : lors des dernières élections présidentielles, qui ont vu le surgissement inattendu du président Faustin-Archange Touadera, le nombre des candidats était pléthorique. Beaucoup n’avaient ni programme, ni passé au service du pays. D’autres s’étaient laissé soudoyer par des puissances étrangères qui, à travers eux, lorgnaient les immenses richesses du sous-sol centrafricain. D’autres encore n’étaient que des aventuriers, mus par l’appât du gain. Un certain nombre ne faisaient que rejoindre le président Touadera, après l’avoir âprement combattu au cours de la campagne électorale, à seule fin de rester près de la marmite de l’État.
Parmi ceux qui ont réussi à se faire élire députés, plusieurs se sont révélés comme des cupides invétérés, qui se sont laissé corrompre, dès le début de leur mandat, par le candidat au perchoir : un certain Karim Meckassoua. Mais, quand on s’engage en politique, c’est pour se mettre au service de la nation, au service de ses concitoyens. C’est une sorte de sacerdoce, fait d’abnégation. C’est un don de soi au service des autres. En Centrafrique, on est loin du compte. On fait de la politique comme s’il s’agissait d’un vulgaire job. L’État devient un employeur comme un autre, qui verse des salaires. Ses caisses ne servent qu’à enrichir les politiciens et les élites, au détriment d’une population ignorée, qui végète dans une pauvreté chronique.
Si les politiciens pensaient moins à eux-mêmes et plus au développement du pays, nous n’en serions pas là. En agissant comme ils l’ont fait, ils n’ont réussi qu’à plonger leur pays dans une terrible tourmente, dans un chaos insoluble.
BESOIN CRUCIAL DE POLITICIENS POUR UN PAYS EN DÉTRESSE
On ne les entend plus, on ne les voit plus, ces politiciens centrafricains si nombreux pendant les élections présidentielles ! Même les plus emblématiques, tels Martin Ziguélé, Nicolas Tiangaye ou Anicet-Georges Dologuélé. Le président de l’Assemblée Nationale lui-même est porté disparu depuis plusieurs semaines. Tous semblent avoir déserté le terrain face aux menaces des rebelles, alors que la partition de leur pays se précise, abandonnant ainsi un gouvernement en état de faiblesse, seul face à la montée des périls. Là où l’urgence de la situation exigerait une opposition constructive, capable de résister aux rebelles, ils laissent un vide abyssal et une population en détresse. Il faut absolument qu’ils sortent de la torpeur qui les étreint, pour aider le gouvernement, impuissant, à ne rien céder à ceux qui ont massacré des Centrafricains et s’apprêtent à dépecer la République Centrafricaine.
Les politiciens centrafricains ont endossé une effroyable responsabilité dans la descente aux enfers de leur propre pays. Leur nullité et leurs dérives les ont empêchés d’initier une opposition forte et efficace. Par là même, ils n’ont fait que conduire leur pays au bord du précipice, un pays délabré, dont la population orpheline, abandonnée par ses élites, végète dans une pauvreté incurable.
La notion de patriotisme semble avoir quitté les politiciens centrafricains – si tant est qu’ils l’aient eue au cours de leur vie. A l’exception de Barthélemy Boganda, le père de la nation, aucun responsable centrafricain ne semble avoir été préoccupé par l’essor de son pays. La principale préoccupation des politiciens, c’est la quête effrénée de la luxure et de l’enrichissement rapide. Tout ce qu’ils cherchent, c’est se rapprocher des caisses de l’État pour les piller avec avidité, alors que le pays est plongé dans un sous-développement qui n’en finit pas, avec une population exsangue, réduite à mendier l’aumône internationale. Après la colonisation et l’époque des sociétés concessionnaires, qui ont réduit un pays riche, pourvu d’énormes potentialités, à devenir un royaume de mendiants, ce sont aujourd’hui ses élites corrompues qui en perpétuent la période sombre et insupportable.
Vous, les politiciens centrafricains, soyez enfin patriotes ! Sachez faire preuve de nationalisme afin de sauver votre pays ! Arrachez-le des griffes des prédateurs et des envahisseurs ! Et revenez sur le chemin tracé par Barthélemy Boganda pour être au plus près du peuple, afin que vive la République centrafricaine, Démocratique, Laïque, Une et Indivisible !