LA RESPONSABILITÉ DU GOUVERNEMENT ET DE LA MINUSCA
Le KM5 est devenu le symbole des milices de brigands qui menacent la capitale. Stupéfiant ! Comment deux bandes de malfrats, infiltrées par l’ex-Séléka et considérées comme sa tête de pont dans Bangui, peuvent-elles défier les forces de sécurité ?
La responsabilité du gouvernement et de la MINUSCA est entière. Il fallait éradiquer ce nid de voyous dès leurs premières exactions sur les populations de ce quartier. Il fallait donner des ordres clairs aux forces de sécurité pour une intervention musclée, malgré le risque de dégâts collatéraux.
A l’image de ce qui se passe dans tout le pays, le gouvernement semble manquer de stratégie et se révèle incapable d’anticiper. Ces bandes de malfrats, qui se sont fallacieusement déclarées « groupes d’auto-défense des musulmans » et ont pris les habitants du KM5 en otages, sont en réalité des éléments de l’ex-Séléka, qui se sont infiltrés pour, le moment venu, préparer le terrain à une invasion massive des rebelles.
Abdoulaye Issene, le nouveau sultan autoproclamé de N’Délé, n’a-t-il pas déclaré récemment au micro de France 24, disposer d’environ 800 combattants positionnés à Bangui, prêts à marcher sur le Palais de la Renaissance ? Il n’est donc pas exclu que les brigands du KM5 fassent partie de ses combattants. Il n’est pas non plus exclu que l’instabilité du KM5 ne gagne d’autres quartiers de la capitale
IMPUISSANCE OU MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE ?
Il y a fort longtemps que ces milices tiennent la dragée haute au gouvernement, massacrent des personnes, rackettent les commerçants et font régner leur insupportable loi de la jungle. Cette tragédie se joue dans la capitale, à proximité des lieux du pouvoir et des forces de sécurité.
Visiblement, ces voyous ont des mentors étrangers, qui les financent et leur fournissent des armes. Les Centrafricains n’hésitent pas à mettre en cause Idriss Deby Itno, président du Tchad. Il est avéré que bon nombre des membres de ces groupes sont d’origine tchadienne ou de nationalité tchadienne.
Les manigances de Deby en RCA sont incessantes. Son appétence obsessionnelle pour le contrôle de la République Centrafricaine n’est plus à démontrer. Est-il besoin de rappeler le comportement criminel de sa soldatesque en Centrafrique ? Ces mercenaires, mis à la disposition des ex-présidents centrafricains pour qu’ils puissent accédera au pouvoir ?
Si les ex-Sélékas tiennent le haut du pavé et s’apprêtent à créer des califats autonomes, c’est bien grâce aux multiples soutiens du président tchadien. Deby ne rêve que de mettre la main sur 80% du territoire centrafricain et son sous-sol. Comment le pouvoir peut-il tolérer de tels défis sans réagir ? Pourquoi les autorités ne demandent-elles pas à l’ONU de condamner les agissements du tyran tchadien en Centrafrique ?
Autre défi aux autorités du pays : le geste inamical de la France. L’ex puissance coloniale semble, en effet, avoir choisi Idriss Déby pour trouver une solution au chaos centrafricain. Elle a préféré enjamber les autorités centrafricaines et les citoyens pour lui confier une mission de paix en RCA ! C’est une erreur politique et stratégique majeure. Pour les Centrafricains, le président du Tchad est, en grande partie, responsable de la descente de leur pays aux enfers. Comment pourrait-il devenir pompier, alors que c’est lui, le pyromane ?
Il croit détenir la seule armée fiable du sous-continent. En tout cas, c’est ce que pensent ses mentors français. Mais il faut savoir aussi qu’il inquiète lourdement les autres chefs d’État de l’Afrique Centrale.
En fait, nous nous devons de le répéter : rien ne se résoudra sans les Centrafricains eux-mêmes. Toute solution passera inévitablement par leur participation, pleine et entière, aux débats nécessaires pour décider de l’avenir de leur pays. Tous ceux qui ourdissent dans l’ombre des plans machiavéliques de partition et d’impunité pour les criminels de guerre violent le droit international des Nations et ne doivent pas espérer arriver à leurs fins.
Car la République Centrafricaine est une République Souveraine, Une, Démocratique, Indivisible et Sociale.