Dans un rapport adressé au Conseil de sécurité en date du 23 juillet 2018, le groupe d’experts des Nations Unies relève que les livraisons d’armes à l’armée centrafricaine, approuvées en décembre par l’ONU, avaient entraîné « des vagues de réarmement » chez certaines factions de l’ancienne alliance pro-musulmane Séléka. « L’acquisition récente d’armements par le gouvernement a incité les factions ex-Seleka à opérer un réarmement actif », souligne le rapport des experts qui font aussi le constat d’un « durcissement des positions » de ces groupes
Toujours d’après les experts onusiens « la livraison d’armes russes à l’armée de la Centrafrique a déclenché une course à l’armement chez les rebelles, qui se tournent vers les trafiquants au Soudan pour s’approvisionner ». C’est une vaine et maladroite tentative de légitimation et de justification du véritable arsenal de guerre que détiennent essentiellement les principaux groupes armés issus de l’ex-Séléka que sont le FPRC de Nouredine Adam, Abdoulaye Hissène, Haroun Gaye et autre Bachar Fadoul ainsi que le MPC de Mahamat Alkhatim, l’UPC de Ali Darass l’ex-chef d’état-major de Baba Laddé (pour ne citer que ceux-là) qui leur permet de contrôler militairement plusieurs régions du territoire centrafricain, surtout les riches zones diamantifères et aurifères de l’Est.
Est-il besoin de rappeler que cette situation prévalait déjà bien longtemps avant les livraisons d’armes russes qui n’ont débuté que fin janvier 2018. Contrairement au fallacieux prétexte invoqué plus haut par les groupes armés cités ci-dessus selon lequel « le gouvernement avait choisi l’option militaire (formation, réarmement et offensive) au lieu du processus politique, les groupes armés devaient se préparer » les efforts que ne cesse de déployer le président Touadéra pour réhabiliter et former des forces armées centrafricaines dignes de ce nom pour protéger son peuple et défendre l’intégrité territoriale de son pays, rejoignent parfaitement les aspirations profondes des Centrafricains et ne doivent en aucune façon être interprétés comme le choix de l’option militaire.
Nul n’est aussi besoin de relever que dès son accession à la magistrature suprême, le président Touadéra n’a eu de cesse de tendre la main aux groupes armés, de les inviter au dialogue, de leur envoyer des signaux et messages de paix, répétant inlassablement son refus de la solution militaire à la crise que connaît notre pays. Au nom de la paix et comme preuve concrète de sa volonté politique et de façon sincère, quitte à essuyer les critiques de partout et se faire traiter de tous les noms d’oiseau, le président Touadéra a nommé des représentants des groupes armés au gouvernement, dans son cabinet présidentiel et celui du premier ministre. Force est hélas de constater que malgré ces actes politiques posés par Touadéra, les groupes armés ont continué de s’en prendre aux missions catholiques, d’assassiner des prêtres, de tuer, de piller, de violer, brûler des villages à travers le pays, de semer la désolation, de menacer de marcher sur Bangui tout en en réclamant au président Touadéra, comble des paradoxes, le bénéfice de mesures d’amnistie.
Alors que les groupes armés ont tout loisir d’acquérir impunément d’importantes quantités d’armes et munitions de guerre dans les pays voisins de la République centrafricaine, notamment les deux Congo, le Tchad et les deux Soudan, comme plusieurs rapports des Nations Unies du même groupe d’experts l’ont révélé, le gouvernement centrafricain et les forces armées nationales ploient depuis longtemps sous un embargo injuste qui encourage objectivement les groupes armés à continuer leurs crimes économiques et de sang, bref, leur entreprise mortifère. Comment dès lors vouloir imputer aux livraisons d’armes russes aux Faca la raison de la course aux armements de guerre à laquelle se livrent les seigneurs de guerre du Nord-Est qui ont beau jeu d’en tirer prétexte.
Avant les livraisons d’armes russes aux Faca, Abdoulaye Hissène, Nouredine Adam, Alkhatim et Ali Darass se livraient déjà à un juteux trafic d’armes consistant à troquer de l’or, des diamants, des pointes d’éléphant, du café, du bois et autres ressources naturelles de notre pays contre des armes et munitions de guerre en provenance du Darfour. Certaines contradictions et conflits entre ces principaux seigneurs de guerre s’expliquent par le partage parfois inégal du butin résultant de ces trafics. Tous les pays du monde disposent de forces de défense et de sécurité. Tous les chefs d’état sur cette planète terre sont en même temps chefs suprême des forces armées de leur pays.
Faustin Archange Touadéra est le seul président de la République dans le monde à ne disposer ni d’une armée, ni d’une police et d’une gendarmerie dignes de ce nom à son accession à la magistrature suprême du pays. Point n’est besoin de rappeler qu’il a pris fonction et hérité d’un pays sans armée et un minimum de forces de sécurité. Ceux des fils du pays qui ont fossoyé l’armée nationale et l’ont fait capituler devant la fulgurante avancée des hordes Séléka vers Bangui se reconnaîtront. Ceux qui ont aussi laissé la Séléka quitter Bangui, leur quartier général du camp de Roux avec armes et bagages pour aller s’installer dans les villes du Nord et Nord-Est se reconnaîtront également.
La France qui, tout au début de l’opération Sangaris avait pourtant bien commencé à faire désarmer de force les bandits de Séléka, tout Bangui s’en souvient encore, a malheureusement et brusquement abandonné cette opération salutaire qui, si elle avait continué, allait vraiment débarrasser le pays des criminels et mercenaires Séléka. Certains politiques français de l’époque qui avaient décidé on ne sait trop pour quelles raisons la cessation du désarmement portent une lourde responsabilité dans la situation où se trouve aujourd’hui la RCA. Le refus délibéré de la France de fournir même à titre onéreux des armes aux nouveaux Faca formés par l’EUTM est tout aussi incompréhensible et inamical que les scandaleuses déclarations de menace contre le président Touadéra du ministre des affaires étrangères français qui n’est autre que l’ex-ministre français de la défense du temps de l’opération Sangaris
La nomination par le président Touadéra du Russe Valeri Zakharov comme conseiller à son cabinet présidentiel en matière de sécurité qui déchaîne les foudres de Paris est totalement inadmissible. Combien de Français voire des généraux français n’ont pas occupé cette fonction au Palais de la Renaissance auprès de certains chefs d’état centrafricains avant le président Touadéra ! Non seulement la France ne fait rien pour aider la RCA à résoudre le casse-tête Séléka mais elle ne veut pas que d’autres pays amis de la RCA puissent l’aider concrètement à se débarrasser de ces bandits criminels. Le président Touadéra devait-il refuser l’offre à lui faite par les autorités russes de lui fournir gratuitement des armes que la France n’a jamais voulu lui vendre ? Que la France ne s’y méprenne pas ! Tous les Centrafricains sont derrière et soutiennent le président Faustin Archange Touadéra dans sa politique de nouer une coopération mutuellement profitable avec tous les pays du monde qui ne peuvent être que bienvenus en terre centrafricaine.
N’en déplaisent aux groupes armés et leurs soutiens, les Forces armées centrafricaines continueront de monter en régime pour défendre notre territoire national et nos concitoyens.