Les présidents centrafricain et russe ont tenu des propos contraires après la mort des journalistes russes
Après l’assassinat barbare des trois journalistes russes, dans la nuit du 30 juillet dernier, les présidents centrafricain et russe ont établi des mises au point contradictoires sur la présence soviétique en Centrafrique.
Vladimir Poutine explique, pour sa part, que : « la présence des soldats russes en République Centrafricaine est exclusivement d’ordre technique, défini par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies. » De son côté, Faustin-Archange Touadera fait état d’une coopération militaire avec la Russie.
Ces contradictions mettent à mal la vérité sur les fondements des relations russo-centrafricaines. Les temps sont tragiques en Centrafrique. Ils ne permettent pas de désaccords sur la sémantique à employer. Des éclaircissements s’imposent : qu’est-ce que ça veut dire « d’ordre technique défini par le Conseil, de Sécurité des Nations Unies » d’un côté et « coopération militaire » de l’autre ?
Devrions-nous comprendre que les Russes sont en Centrafrique pour des missions exclusivement techniques, qui excluraient, de fait, tout engagement militaire ? Or, si le président Touadera a sollicité leur aide, c’est que celle-ci ne doit pas se limiter à une assistance technique, elle doit être militaire : formation des FACAS au maniement d’armes russes et aux techniques de combats, création de forces spéciales…C’est, avant tout, l’engagement des soldats de la Fédération de Russie auprès des forces Armées Centrafricaines que souhaite le président Touadera, le but étant de faire entendre raison aux rebelles et de les emmener à la table des négociations sans conditions.
La priorité des priorités reste le désarmement des rebelles pour assurer la sécurité du pays
Si le chef de l’État a appelé les Russes à l’aide, c’est que la situation chaotique qui prévaut dans son pays compromet dangereusement la paix et donc, son corollaire : le développement de la Nation.
Les forces internationales ont échoué dans leur mission : ni la paix, ni la réconciliation nationale n’ont pu être établies, laissant la RCA au bord du précipice, à la merci des milices, armées jusqu’aux dents et déterminées à morceler le pays en deux entités, l’une musulmane, l’autre chrétienne.
Les tergiversations qui ont eu lieu au cours des interventions militaires, celle de la France d’abord, puis celle des autres puissances internationales, ont permis aux séditieux d’occuper 80% du territoire et de faire main basse sur les mines d’or et de diamants. Ils ont réussi à instaurer une terreur qui a jeté environ un million de Centrafricains sur les routes de l’exil, ou les a forcés à fuir dans la brousse. Dépourvu de moyens militaires face à des rebelles puissamment armés, devenu une proie facile, le pouvoir a chancelé. Comment pouvait-il affronter les bandes des insurgés, qui, à intervalles réguliers, menaçaient de marcher sur Bangui pour s’emparer du pouvoir ?
Dès lors, il ne restait plus au président centrafricain qu’à chercher de l’aide militaire là où il pouvait en trouver. C’est Vladimir Poutine qui a accédé à sa demande ultime. On attend donc des Russes qu’ils s’engagent désormais avec force aux côtés des FACAS.
L’heure des multiples négociations qui n’aboutissent à rien est révolue. Le moment est venu pour le pouvoir centrafricain, avec l’aide des Russes, de reconquérir son territoire et de mettre fin aux terribles souffrances des populations.