La prise de conscience et le sens du devoir est de plus en plus visible au sein de l’Armée centrafricaine. Le cataclysme militaro-politique de la Séléka a effondré en 2013 toute la machine de l’Etat et a considérablement impacté sur le reflexe des forces de défense et de sécurité. Cinq ans après, un Officier des Forces armées centrafricaines (FACA) renoue avec l’aptitude professionnelle militaire dans la partie ouest de la capitale, Bangui.
Il s’agit du Sous-lieutenant Rodrigue Sylver Assoko du Bataillon de soutien et des services (BSS) et du Sergent Momokama Rodrigue du 4ème Bataillon d’infanterie territoriale (BIT4) qui vient de faire preuve de bravoure le lundi 13 août pendant que tout Bangui célébrait le 58ème anniversaire de l’indépendance de la République Centrafrique.
Selon les témoins, l’acte s’est produit aux environs de 14 heures de l’après-midi devant le maquis Chapaga à environs 600 mètres de la Paroisse Notre Dame de Fatima (lieu de massacres à répétition de chrétiens catholiques) où se rafraichissaient également l’officier Rodrigue Sylver Assoko.
Un sujet congolais (RDC) surnommé Fiston avait par dévers lui un pistolet automatique qu’il enfonçait dans le dos à hauteur de la ceinture. L’arme était perceptible sans effort et le porteur illégal dégage l’apparence d’un étranger. L’officier des Faca s’est informé sur l’identité du suspect. La réponse indiquait que le monsieur est un civil Zaïrois, ami d’une poignée d’auxiliaires de police nationale et de quelques militaires nationaux. L’officier Assoko s’est investi conséquemment. Il a contacté le lieutenant Nambozouina de la Légion Mobile de la Gendarmerie qui a dépêché d’urgence une patrouille mobile à l’endroit indiqué.
Dans l’attente de la patrouille, le jeune officier des Faca a reconnu des deux frères d’armes dans les parages et a sollicité leur appui. Il s’agit du Sergent Momokama Rodrigue du 4ème Bataillon d’infanterie territoriale (BIT4) et du soldat Feidanga Médard de la Garnison de Bangui.
Répondant aux militaires, contre toute attente, le suspect Filston a révélé qu’il est du corps de la Gendarmerie nationale, un élément du Colonel Kolingba de la COC. Seulement le malfrat ne disposait d’aucun document probant.
La situation se corsait, le malfrat avait tenté la carte de corruption en prenant le Sous-lieutenant en aparté, lui proposant une part dans les trois millions FCFA. Une coquette somme que lui aurait été donnée par « la hiérarchie » pour enquêter sur l’assassinat de l’Abbé Toungoumale Baba ; tué en plein office à l’Eglise Notre Dame de Fatima par des hommes armés venus du PK5.
Le jeune officier a résisté facilement à la tentation. Il a opté pour le désarmement forcé et l’arrestation du suspect congolais. Le malfrat a encore tenté de faire usage de la force physique pour s’échapper mais la tentative ne lui a pas réussi. L’officier a dégainé son armé puis deux coups de feu se sont fait entendre devant Chapaga ce jour. Le suspect désarmé s’est ressaisit, la patrouille de la gendarmerie conduite par un Sous-lieutenant l’a embarqué sans grande peine.
En perquisitionnant les deux domiciles du suspect, outre le pistolet automatique saisit, 21 minutions de type DKM, une jumelle et deux coupe-coupe ont été perquisitionnés au domicile de Filston au quartier Kpètènè dans le 3ème arrondissement de la capitale, Bangui.
Pour les motifs ci-dessus, le malfrat est détenu depuis le 9 août 2018 à la Section des recherches et des investigations (SRI) de Bangui où il croupit encore.
L’action coordonnée par l’officier Rodrigue Sylver Assoko, ses frères d’armes et la gendarmerie nationale a non seulement permis de mettre hors d’état de nuire un suspect armé mais est encore vivement salué à Fatima.
L’acte de bravoure militaire est-il toujours récompensé en République Centrafricaine ou loge-t-il le tiroir des pratiques oubliées ?