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Centrafrique : duel d’influence est-ouest sur les bords de l’Oubangui

Publié le samedi 1 septembre 2018  |  Corbeau News
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© AFP par EDOUARD DROPSY
Une vue de la rivière Oubangui et les rues désertes de la capitale Bangui, saisi par un regain de violence sont photographié le 29 Septembre, 2015.
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GUERRE FROIDE

D’un côté, c’est l’Union Africaine (UA), soutenue par la France et le Tchad, qui organise à Bouar, en Centrafrique, une réunion de paix avec quatorze groupes politico-militaires.

De l’autre, ce sont les Russes qui arbitrent des consultations entre rebelles et gouvernement centrafricain à Khartoum au Soudan.

On y perd son latin ! Mais c’était inévitable. Les belligérants croisent désormais le fer au grand jour, même si c’est toujours à fleurets mouchetés et à distance. Ce que l’on craignait, à savoir l’importation de la guerre froide en Centrafrique, est en train de se produire : les Russes talonnant les Français, épiant leurs faits et gestes ; le conseiller de Poutine auprès du président Touadera, se muant en redoutable homme d’orchestre ; la France, inquiète, jouant dans l’ombre un billard à quatre bandes. Quelle peut être l’issue de ces affrontements ?

C’est inévitablement la Centrafrique qui paiera les pots cassés. Les Centrafricains sont tenus à l’écart des décisions cruciales qui les concernent. On ne les consulte pas, il semble qu’ils n’aient pas voix au chapitre. La crise risque de se figer et l’immobilisme de gagner le pays tout entier. Car on ne voit pas comment ces initiatives de dialogue dispersées pourraient aboutir à la paix. Ne vont-elles pas compliquer une situation déjà chaotique ? Les autorités centrafricaines vont peut-être devenir les otages d’un règlement de compte est-ouest. Actuellement, les Russes ont le vent en poupe. Les Français sont éclipsés. Les soviétiques vont-ils se substituer au rôle de tuteur que les Français détiennent depuis l’indépendance ? Quelles conclusions des deux réunions retiendra le gouvernement centrafricain ?



PRESSIONS RUSSES

Les Russes se comportent comme en pays conquis. Ils s’agitent. Mais ont-ils été mandatés par le gouvernement centrafricain pour dialoguer avec les rebelles ? Leur initiative d’organiser à Khartoum des consultations avec les groupes politico-militaires a-t-elle été prise avec l’autorisation des autorités de Bangui ? Cette réunion est une véritable torpille lancée sur celle de Bouar, le but étant de mettre en difficulté l’Union Africaine et la France.

Cette dernière est en très mauvaise posture en Centrafrique. Les Centrafricains lui reprochent d’avoir choisi le « Néron des bords du Lac Tchad », Idriss Deby Itno, pour ramener la paix, alors que celui-ci est l’un des instigateurs du chaos centrafricain ! Entre outre, le retrait prématuré de la force SANGARIS a donné, à beaucoup, le sentiment d’un abandon.

Aujourd’hui, c’est comme si les Soviétiques étaient déterminés à mettre tout en œuvre pour bouter les Occidentaux hors de la Centrafrique. Compte tenu des comportements ambigus des forces européennes face aux ex-Sélékas, ils n’auront pas de mal, avec un peu de démagogie, à diaboliser les Français et les autres puissances occidentales. Déjà, pour beaucoup de Centrafricains, c’est : « Au diable, la France ! » Quel gâchis ! Les vieilles amitiés franco-centrafricaines sont mises à mal, mais ce n’est que le résultat d’une politique africaine hasardeuse, paternaliste et néocoloniale.

Or, l’Afrique bouge, elle change à toute vitesse ! A partir de maintenant, l’Occident va devoir compter avec une autre génération d’Africains, résolus à ne plus courber l’échine et décidés à promouvoir leur continent.

En attendant, le combat des chefs blancs risque de causer d’irrémédiables dommages à la Centrafrique. N’oublions pas le dicton africain : « quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui sont piétinées. » A bon entendeur, salut !


JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI
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