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Démission du gouvernement centrafricain : "Un pas vers la réconciliation"
Publié le samedi 9 aout 2014  |  France 24
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© Autre presse par DR
Le Premier ministre centrafricain André Nzapayéké
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Quinze jours après un accord de cessez-le-feu entre des ex-Séléka et des anti-balaka, les violences ont repris en Centrafrique. Le Premier ministre André Nzapayéké a démissionné mardi. Le pays peut-il replonger dans le chaos ? Éléments de réponse.

La transition démocratique en République centrafricaine connaît-elle un coup d’arrêt ? Deux semaines après la signature, le 24 juillet, de l'accord de Brazzaville - le premier après huit mois d'un déchaînement de violences intercommunautaires -, la trêve semble encore bien fragile. Après plusieurs jours d'affrontements dans le nord-ouest du pays, les rebelles de la Séléka et les milices "anti-balaka" se sont mutuellement accusées, mardi 5 août, de ne pas avoir respecté le cessez-le-feu. Des soldats de la force Sangaris et des combattants de l'ex-Séléka se sont aussi affrontés dans la région, lundi.

Sur le plan politique, la présidente de transition Catherine Samba-Panza a annoncé la démission du Premier ministre André Nzapayéké et de son gouvernement de transition. Faut-il craindre une nouvelle période d'instabilité dans la région ? Éléments de réponse avec la journaliste de FRANCE 24, Tatiana Mossot, spécialiste de l'Afrique.

Pourquoi remanier le gouvernement ?

Cette décision s'inscrit "dans l'esprit de [l'accord de] Brazzaville", a affirmé, mardi, un porte-parole de la présidence. Le remaniement du gouvernement avait en effet été demandé lors du forum qui s'était tenu dans la capitale du Congo voisin en juillet, mais aussi lors du sommet de l'Union africaine en juin à Malabo, en Guinée Équatoriale, rappelle Tatiana Mossot qui parle d'un processus "logique".

Depuis plusieurs semaines, la présidente a promis de réorganiser le gouvernement "sur des critères de technocratie, de région et de compétence, mais qui intègrent aussi la dimension politique et les nouvelles donnes issues du forum de Brazzaville", a commenté son porte-parole. Aucune indication n'a été donnée quant à la date de la formation du nouveau gouvernement et sa composition. Il pourrait toutefois être nommé avant la fin de la semaine, avance Tatiana Mossot. À Bangui, beaucoup se demandent si des représentants des groupes armés qui ont mis le pays à feu et à sang feront leur entrée dans le prochain cabinet.

La présidente de transition va-t-elle sortir renforcée par sa décision ?

Catherine Samba-Panza a remanié son gouvernement afin de "faire un pas vers la réconciliation nationale souhaitée dans le pays", commente Tatiana Mossot. Mais elle cède aussi à la forte pression de la communauté internationale. Son arrivée au pouvoir en janvier 2014 "n'a pas permis la relance d'un processus politique qui est bloqué", déplorait Paris début juillet. La situation politique "s'est nettement détériorée", notait pour sa part l'ONU, au même moment.

Sans armée ni véritables forces de l'ordre, la présidente est accusée d'avoir "échoué à établir son autorité, à faire cesser définitivement les violences, ou à endiguer la corruption", indiquait une source humanitaire. Fragilisée de toutes parts, la présidente de transition, qui avait été priée d'attendre dans le couloir lors du sommet de Malabo, espère avec cette décision pouvoir aller au bout de sa mission.

Les violences récentes fragilisent-elles le cessez-le-feu ?

Lundi, de violents affrontements ont opposé pendant près de sept heures combattants de l'ex-Séléka et soldats français de l'opération Sangaris à Batangafo (nord). Le bilan est lourd, affirme Tatiana Mossot, qui parle d'"au moins 50 morts et d'une centaine de blessés". La semaine dernière, à environ 300 km au nord de Bangui, la ville de Batangafo avait aussi été le théâtre de violents combats entre Séléka et anti-balaka, qui avaient fait au moins 25 morts. Il s'agissait du premier véritable accroc à l'accord de Brazzaville.

Mais cette trêve a toujours été précaire. Le texte avait été paraphé in extremis à l'issue d'un forum chaotique. La Séléka s'était dans un premier temps retirée des discussions en exigeant une partition du pays. Ce groupe à dominante musulmane, qui tient aujourd'hui l'essentiel des régions du nord-est du pays, frontalières du Tchad et du Soudan, est miné par d'innombrables divisions articulées autour de deux principaux groupes : la "Bambari" qui a participé au Forum et la "Birao" qui n'était pas présente et "ne se reconnaît pas" dans l'accord de cessation des hostilités.
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