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Centrafrique : que se sont dit les russes et les groupes politico-militaires a Khartoum ?

Publié le samedi 15 septembre 2018  |  Corbeau News
Centrafrique
© Autre presse par DR
Centrafrique : que se sont dit les russes et les groupes politico-militaires a Khartoum ?
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RUMEUR OU INTOX ?

Que penser de l’effarante information qui circule sur le web depuis quelques jours : ? « Nous sommes des mercenaires, vous aussi. Nous nous battons pour la même cause : gagner de l’argent. Nous en avons assez donné à Touadera et à son équipe, il est grand temps que nous commencions à travailler pour récupérer ce que nous avons donné de l’autre côté. Alors, prenez votre part et laissez-nous avoir accès aux zones minières qui nous ont été concédées. »

Ce deal indécent aurait été proposé par les Russes aux groupes politico-militaires réunis à Khartoum. Peut-on donner foi à cet odieux marchandage sur le dos des Centrafricains ? S’il s’avérait, ce serait un véritable hold-up des richesses du sous-sol de la RCA. On aurait là l’aveu cynique des vraies raisons de l’intervention russe en République Centrafricaine.

On se doutait bien que les rencontres fréquentes entre les factions de l’ex- Séléka et les Russes n’avaient pas pour seul but de parler de la paix. C’était aussi pour passer des accords avec les mercenaires tchadiens, soudanais et nigériens, afin d’établir un partage du butin de leurs rapines. Si le Soviétiques veulent accéder aux mines d’or et de diamants, ainsi qu’aux gisements de pétrole, ils sont obligés, dans un premier temps, de faire les yeux doux aux rebelles puisque ce sont eux qui occupent et administrent les régions riches en minerais.

Si ces comportements inacceptables des Russes se confirmaient, nous serions alors face à des dérives que les autorités du pays devraient absolument recadrer. Il est inadmissible que des étrangers se substituent aux Centrafricains pour prendre des initiatives en vue de rechercher la paix.



En admettant que le président Touadera et son gouvernement aient accordé une quelconque mission de médiation aux Russes, il faut qu’ils en informent les citoyens. Or, ce que les Centrafricains constatent avec effarement depuis quelque temps, c’est que les hommes de Poutine agissent à leur guise partout dans le pays ! Il ne faut pas se plaindre du néocolonialisme et de l’impérialisme français pour, ensuite, les accepter ailleurs.

La souveraineté de la République Centrafricaine ne doit souffrir d’aucune entorse, ni se négocier.



UN CONSEILLER SPÉCIAL QUI MURMURE AUX OREILLES DU PRÉSIDENT

Le comportement surprenant du conseiller à la sécurité que Poutine a placé auprès du président Touadera, le fait passer pour celui qui dispose de presque tous les pouvoirs ! C’est inacceptable.

Cet homme, c’est le tout-puissant Valéry Zakharov, une sorte de nouveau proconsul pour Bangui. C’est lui qui, dit-on, aurait initié la réunion de Khartoum avec les factions rebelles sans même en informer le président Touadera au préalable ! En concurrence avec celle organisée par l’Union Africaine à Bouar (Centrafrique) et soutenue par la France, la réunion de Khartoum est ouvertement une phase de l’âpre guerre froide que livrent les Russes pour évincer les Français de leur pré carré.

La République centrafricaine est ainsi devenue une proie, dont la pègre internationale se dispute jusqu’au moindre reste. Le tout sous les yeux de dirigeants aphones, incapables de réagir, tétanisés par la perceptive d’une possible prise du pouvoir par les rebelles. C’est comme si les Français et les Russes avaient déjà acté la victoire prochaine des ex-Sélékas.

On vient d’apprendre, par ailleurs, que le conseiller spécial, Valéry Zakharov, toujours lui, a convoqué seize députés dans un hôtel de la capitale pour les éclairer sur les conclusions de la concertation de Khartoum. De quel droit convoque-t-il les élus de la Nation centrafricaine ? Pourquoi n’a-t-il pas demandé audience pour leur parler dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale ? Les députés qui se sont précipités à la convocation du Russe, peut-être pour l’appât du gain, se sont totalement déconsidérés. Pauvre Centrafrique !



A la question de l’un d’entre eux : « Comment allez-vous garantir le respect des obligations acquises ? » le conseiller a répondu : « il sera garanti par le déploiement des Forces armées centrafricaines sur le territoire national dans un délai de deux ans… »

De qui se moque-t-on ? Dans deux ans, les rebelles auront déclaré « républiques autonomes » les provinces qu’ils occupent. Ou alors, ils marcheront sur Bangui pour prendre le pouvoir. C’est un piège que tendent les séditieux et leurs mentors étrangers au pouvoir centrafricain, avec, dans l’ombre, le soutien des Français et des Russes.

Deux ans pour déployer les FACAS ? Autant dire jamais. On a l’impression que les Français et les Russes brouillent sciemment les cartes pour masquer leur jeu. Ont-ils déjà négocié des contrats avec les groupes politico-militaires ? Tout concourt à ce que les Centrafricains se posent, légitimement, l’angoissante question. L’Union Africaine elle-même ne participe-t-elle pas à cette mascarade, visant à dépouiller les Centrafricains de leur souveraineté ?

Il est à craindre que les groupes politico-militaires tenteront tout pour imposer leurs revendications. Il ne restera plus au pouvoir légitime qu’à mobiliser la population et les FACAS en vue d’une résolution par la force. Pas dans deux ans, comme le suggère le conseiller à la sécurité russe. La RCA n’a pas le temps d’attendre. La balle est dans le camp du Président Touadera, qui doit engager une action vigoureuse, pour empêcher la partition de la République Centrafricaine.
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