BANGUI, –Ce vendredi, 5 octobre à Oslo, le Comité Nobel norvégien a décerné le Prix Nobel de la Paix 2018 au gynécologue congolais, Denis Mukwege et à Yazidie Nadia Murad, ex-esclave du groupe Etat islamique, « pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre ».
Chaque année le Comité Nobel attribue un prix aux personnes « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité », par leurs inventions, découvertes et améliorations dans différents domaines de la connaissance, par l’œuvre littéraire la plus impressionnante, ou par leur travail en faveur de la paix, respectant ainsi le testament d’Alfred Nobel, inventeur de la dynamite et fabricants d’armes.
Ainsi pour 2018, le gynécologue congolais Denis Mukwege et Nadia Murad ont été honorés « pour leurs efforts pour mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre », a annoncé le Comité Nobel norvégien.
Dr Mukwege travaille depuis un certain temps avec l’Institut Universitaire Varenne, les Fondations Dr Mukwege, Panzi et Pierre Fabre avec des partenaires locaux comme l’Association des Femmes Juristes de Centrafrique (AFJC) et l’Hôpital de l’Amitié, pour la création à Bangui d’un centre de prise en charge holistique des survivantes de violences sexuelles ainsi que pour la prévention de ces violences dans le pays.
« Nous souhaitons un grand succès aux trois projets que nous menons à ses côtés avec les Fondations Dr Mukwege, Panzi et Pierre Fabre en République centrafricaine et en République démocratique du Congo en faveur d’une prise en charge holistique des survivant.e.s de violences sexuelles, ainsi que pour la prévention de ces violences », lance l’Institut Universitaire Varenne sur sa page facebook.
Ressortissant de la République Démocratique (RDC), le gynécologue Denis Mukwege, surnommé le « réparateur des femmes » est un héros dans son pays. Sur lui, le Comité a précisé qu’il « a dédié sa vie à défendre des victimes de violences sexuelles en temps de guerre » en RDC.
« Avec son équipe, il a sauvé des milliers de patients victimes de tels assauts », a salué les norvégiens. Le Comité Nobel a aussi rappelé que le médecin ne s’est pas seulement limité à procurer des soins, mais a condamné l’impunité des viols collectifs et « critiqué le gouvernement congolais et d’autres pays pour ne pas en faire assez pour faire cesser l’usage des violences sexuelles contre les femmes dans leur stratégie et comme arme de guerre ».
Tandis que sa Co lauréate irakienne, Nadia Murad, membre de la minorité yazidie, a vécu les horreurs combattues par Mukwege. Nadia Murad a été esclave sexuelle du groupe jihadiste Etat Islamique (EI) durant trois mois à Mossoul en 2014, avant de s’évader. Les islamistes ont tué ses six frères et sa mère.
Nommée Ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains depuis 2016, Nadia Murad milite désormais pour que les persécutions commises contre les Yazidis soient considérées comme un génocide. Elle a publié un livre qui raconte l’atrocité qu’elle a vécue. « Mon histoire, relatée honnêtement et prosaïquement, est l’arme la plus efficace dont je dispose pour lutter contre le terrorisme, et j’ai bien l’intention de m’en servir jusqu’à ce que ces criminels soient traduits en justice », a-t-elle déclaré.
Le docteur Denis Mukwege est le neuvième africain à recevoir le Prix Nobel de la Paix. En général, seize africains ont reçu le Prix Nobel.